Affaire Squarcini/LVMHLe parquet de Paris a requis un procès pour 11 personnes
Il s’agit d’une vaste enquête sur des liens troubles entre figures de la police, du renseignement et des intérêts privés, notamment LVMH. Parmi ces personnes figure l’ex-patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini.
Un procès a été requis pour onze personnes dont l’ex-patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini dans une vaste enquête sur des liens troubles entre figures de la police, du renseignement et des intérêts privés, notamment LVMH, a indiqué mardi à l’AFP une source proche du dossier.
Dossier de plus de 10 ans
Le parquet de Paris a confirmé avoir demandé le 23 décembre que Bernard Squarcini soit notamment jugé pour trafic d’influence passif, faux en écriture publique et complicité et recel de violation du secret professionnel et de l’instruction. Il a également demandé un procès pour un ancien magistrat de la cour d’appel de Paris et pour le préfet Pierre Lieutaud.
Ces réquisitions ne concernent pas le groupe de luxe LVMH, qui a payé fin 2021 une amende de 10 millions d’euros pour éviter des poursuites pour trafic d’influence. Dans cette information judiciaire aux multiples ramifications, ouverte il y a plus de dix ans, onze personnes mises en examen font l’objet de réquisitions de renvoi.
Fil rouge du dossier, la reconversion dans le privé de Bernard Squarcini, surnommé «le Squale», après son éviction en 2012 de la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI) par François Hollande, qui le jugeait trop proche de Nicolas Sarkozy. Devenu patron d’une société de conseil en intelligence économique baptisée Kyrnos, l’ancien maître-espion a notamment proposé ses services au groupe de luxe LVMH.
Il aurait profité de ses relations
Les juges le soupçonnent d’avoir profité de ses relations dans la police et de ses réseaux pour obtenir des privilèges ou des informations confidentielles sur des enquêtes en cours, au profit de LVMH. En 2016, il a été mis en examen, notamment pour recel de violation du secret de l’instruction, trafic d’influence et détournement de fonds publics.
Cinq autres personnes ont elles aussi fait l’objet de poursuites dans la foulée, parmi lesquelles Christian Flaesch, ancien patron de la police judiciaire parisienne, dont le cas a été disjoint et qui sera jugé à Paris le 14 février 2023. En juin 2021, les charges à l’encontre de M. Squarcini ont été alourdies notamment en raison de soupçons de surveillance de l’actuel député LFI François Ruffin et l’équipe de son journal Fakir, qui réalisaient un documentaire satirique sur LVMH et son tout-puissant patron, Bernard Arnault.
Mais en décembre 2021, le groupe de luxe a conclu une convention judiciaire d’intérêt public avec le parquet de Paris lui permettant d’éviter des poursuites pour «trafic d’influence» en échange du paiement d’une amende de 10 millions d’euros. «Où est le donneur d’ordres? C’est le grand absent du dossier! Les riches paient, les pauvres passent devant le tribunal», a critiqué sous couvert d’anonymat auprès de l’AFP un conseil de l’un des mis en cause.
Bernard Arnault a été entendu comme témoin dans ce dossier tandis que l’ex-numéro 2 de LVMH, Pierre Godé, présenté par plusieurs mis en cause comme l’un des principaux protagonistes, est décédé début 2018.