Téléphonie mobileDéjà plus de 1100 signatures contre la méga antenne 5G du Creux-du-Van
Le projet d’implantation d’une des antennes 5G les plus puissantes de Suisse, près du site naturel du Creux-du-Van, suscite une levée de boucliers dans la région.
- par
- Eric Felley
La mise à l’enquête d’une puissante antenne de téléphonie mobile à Rochefort (NE), dans la région du Creux-du-Van, suscite passablement de réticence de la part des habitants de la région. Le 21 avril, les opérateurs Swisscom et Salt ont mis à l’enquête une nouvelle antenne sur cette commune. Elle est censée émettre dans la réserve naturelle du Creux-du-Van. Ce mât de 25 mètres de haut, isolé dans la forêt, vise à remplacer l’actuelle 3G, qui doit quitter son emplacement pour des raisons de sécurité.
Jusqu’au Val-de-Travers
Depuis la mise à l’enquête a dû être refaite le 12 mai, car il manquait des gabarits à l’endroit prévu pour l’antenne. Ce qui fait que le délai d’opposition a été prolongé jusqu’au 12 juin. Depuis, la population de la région s’est largement mobilisée pour signifier formellement son opposition à ce projet. Au 17 mai, les opposants ont récolté quelque 1120 signatures. Quelques centaines viennent des habitants qui vivent dans un périmètre de 5 kilomètres autour de l’antenne. Les autres viennent d’habitants du Val-de-Travers jusqu’à Môtiers, car l’antenne est implantée à proximité de la route qui relie Rochefort au Val-de-Travers.
Pour l’un des opposants, Julien Ferraro, qui habite à un kilomètre du projet: «Cette antenne a une valeur symbolique quant à l’arrogance des opérateurs. Le fait d’installer une des antennes les plus puissantes du pays dans une réserve naturelle est incompréhensible. Le Creux-du-Van est un lieu qui doit être préservé, alors que des études montrent les effets des rayonnements sur la flore et la faune»
Une couverture en cas de problème
Contacté à la fin avril, Swisscom justifie sa politique: «La région est très touristique et très fréquentée. Cette antenne est nécessaire pour assurer une couverture mobile minimale et assurer à chacun de pouvoir, en cas de problème notamment, appeler les secours. Cette puissance est nécessaire pour couvrir le plus grand secteur possible tout en respectant les règles et lois en vigueur».
Julien Ferraro constate que la population locale est peu réceptive à l’argument de l’opérateur «Dans 80% des cas, les gens abordés signent l’opposition collective. Personnellement, je ne fais pas de la technophobie, mais je ne suis pas non plus pour le numérique à outrance. Swisscom dit que c’est pour assurer la sécurité des randonneurs dans la région, mais c’est un prétexte de mauvaise foi. Je vis ici depuis plusieurs années et nous avons une couverture suffisante pour passer un appel de secours. Je ne vois pas la nécessité d’équiper cette réserve naturelle pour pouvoir y télécharger des vidéos».
La 5G toujours en débat à Berne
Pour Chantal Blanc de l’association Stop 5G: «Cette mise à l’enquête au Creux-du-Van est le parfait exemple de ce que font les opérateurs quand on les laisse faire. Ils n’avaient même pas prévu de gabarits… On voit que la législation actuelle est bien trop laxiste avec eux, sinon il ne serait pas possible de prévoir une antenne aussi puissante dans une réserve naturelle».
«Des coûts aussi bas que possible»
Dans ce contexte, les milieux qui observent de près l’évolution de la 5G en Suisse sont très attentifs à une prochaine décision du Conseil des États concernant une motion du groupe PLR, déjà adoptée par le Conseil national en 2021. Ce texte demande au Conseil fédéral de prendre les mesures et les décisions nécessaires pour permettre le développement de la 5G à l’échelle nationale avec «un réseau de grande qualité, à des coûts aussi bas que possible, dans les cinq prochaines années».
La Commission des transports et des télécommunications du Conseil des États donnera son préavis le 23 mai prochain et le plénum devrait voter le 8 juin lors de la session d’été. Les diverses organisations dénoncent le fait que cette assertion – «à des coûts aussi bas que possible» - dissimule la volonté des opérateurs d’augmenter la valeur limite des antennes de 5V/m actuellement à 20V/m, sans évaluer correctement les risques que cela comporte sur la santé de la population, notamment sur les enfants et les personnes sensibles.