Immigration illégale: Sous le feu des critiques, Londres défend mordicus son projet de loi

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Immigration illégaleSous le feu des critiques, Londres défend mordicus son projet de loi

Le Royaume-Uni prévoit l’expulsion rapide des migrants illégaux venus par la Manche, sans pouvoir demander asile et nationalité britannique. Pour certains, cela fait penser à l’Allemagne nazie.

Avec ce projet de loi, le gouvernement britannique veut tenter de lutter contre la forte augmentation des arrivées de migrants illégaux par la Manche, sur de petites embarcations (ici des policiers ayant intercepté un canot pneumatique avant le départ des côtes du Pas-de-Calais).

Avec ce projet de loi, le gouvernement britannique veut tenter de lutter contre la forte augmentation des arrivées de migrants illégaux par la Manche, sur de petites embarcations (ici des policiers ayant intercepté un canot pneumatique avant le départ des côtes du Pas-de-Calais).

REUTERS

Au Royaume-Uni, le gouvernement conservateur est monté au front, mercredi, pour défendre son projet controversé de loi sur l’immigration illégale face aux nombreuses critiques, dont celle de l’ex-footballeur Gary Lineker, désormais présentateur star de la BBC, qui a fait un parallèle avec l’Allemagne nazie.

Avec ce projet de loi, le gouvernement britannique veut tenter de lutter contre la forte augmentation des arrivées de migrants illégaux par la Manche, sur de petites embarcations, l’une des principales promesses du Premier ministre Rishi Sunak. Il prévoit l’expulsion rapide des migrants arrivés par ce biais, leur interdit de demander l’asile et, ultérieurement, de s’installer au Royaume-Uni ou de demander la nationalité britannique. Il facilite aussi la détention des migrants jusqu’à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr.

«Les Britanniques en ont assez. Ce n’est pas raciste de dire que nous avons trop d’immigrants illégaux qui abusent de notre système d’asile»

Suella Braverman, ministre britannique de l’Intérieur

«Les Britanniques en ont assez. Ce n’est pas raciste de dire que nous avons trop d’immigrants illégaux qui abusent de notre système d’asile», a insisté la ministre de l’Intérieur Suella Braverman, mercredi, dans une tribune publiée dans le «Daily Mail».

Le texte a été vivement critiqué par les associations d’aides aux réfugiés, qui estiment qu’il est contraire au droit international, et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a accusé le gouvernement de vouloir «mettre fin au droit d’asile» dans le pays.

«Une politique incommensurablement cruelle»

Mais ce sont les propos de l’ex-international anglais Gary Lineker qui font la une de nombreux journaux conservateurs, mercredi. «Mon Dieu, c’est plus qu’horrible. Il n’y a pas d’afflux massif de migrants illégaux. C’est juste une politique incommensurablement cruelle, dirigée contre les personnes les plus vulnérables, dans un langage qui n’est pas différent de celui utilisé par l’Allemagne dans les années 1930», a tweeté, mardi, le présentateur de l’émission «Match of the day», sur la BBC, en partageant une vidéo de la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, défendant le nouveau projet de loi.

Des députés conservateurs ont réclamé des sanctions de la BBC contre l’ancien international anglais, l’accusant d’être allé trop loin. Interrogée sur la même chaîne, la ministre de l’Intérieur, déjà critiquée pour de précédents propos sur les migrants, s’est dite «évidemment déçue qu’il puisse comparer nos mesures à celles de l’Allemagne des années 1930». «Je ne pense pas que ce soit une manière appropriée de mener le débat», a-t-elle ajouté.

«Nous n’enfreignons pas la loi. Nous sommes confiants sur le fait que les mesures que nous avons annoncées hier (mardi, ndlr) respectent nos obligations légales internationales», a-t-elle aussi déclaré sur Sky News.

Profonde inquiétude de l’ONU «en termes de droits humains»

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme s’est dit, mercredi, «profondément inquiet» du projet de loi britannique contre l’immigration illégale, qui prévoit d’empêcher les migrants arrivant par la Manche, de demander l’asile au Royaume-Uni et de les expulser «en quelques semaines». «Une telle interdiction générale serait en contradiction avec les obligations du Royaume-Uni en matière de droits humains et de droit des réfugiés», a affirmé Volker Türk. «La législation soulève également plusieurs problèmes spécifiques en termes de droits humains, notamment la violation du droit à un examen individuel et l’interdiction du refoulement et des expulsions collectives, ainsi que la détention arbitraire des immigrants.»

«Toutes les personnes contraintes de quitter leur pays d’origine, en quête de sécurité et de dignité à l’étranger, ont droit au plein respect de leurs droits humains, quel que soit leur statut migratoire ou leur mode d’arrivée», a conclu Volker Türk.

(AFP)

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