DiplomatieL’UE invite Arménie et Azerbaïdjan pour réduire les tensions
Charles Michel, président du Conseil européen, a convié les dirigeants des deux pays voisins pour une réunion ce mois encore. Bakou se dit prêt à des pourparlers sous la médiation de l’UE.
Le président azerbaïdjanais et le Premier ministre arménien ont été invités à se retrouver à Bruxelles d’ici à la fin du mois d’octobre. Cette invitation pourrait leur permettre de réduire les fortes tensions entre leurs deux pays, a annoncé, jeudi, le président du Conseil européen, Charles Michel, à Grenade, dans le sud de l’Espagne, en marge du sommet de la Communauté politique européenne.
Peu avant, l’Azerbaïdjan avait assuré être prêt à entrer en pourparlers avec l’Arménie sous la médiation de l’Union européenne, après son offensive victorieuse dans la région disputée du Haut-Karabakh, où les soldats de la force d’interposition russe démantèlent en conséquence leurs installations.
Reprise «inévitable» pour le Kremlin
De son côté, Vladimir Poutine a jugé, jeudi, que la reprise du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan était «inévitable», après des critiques du gouvernement arménien, qui accuse la Russie d’inaction. C’«était inévitable après la reconnaissance de la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh par les autorités arméniennes», a lancé le président russe, précisant que l’Arménie était «toujours» l’alliée de Moscou.
«Ce n’était qu’une question de temps avant que l’Azerbaïdjan ne commence à rétablir l’ordre constitutionnel dans cette région», a-t-il ajouté.
«Atmosphère antiazerbaïdjanaise»
Peu avant l’annonce par Charles Michel d’une réunion entre le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, Hikmet Hajiev, conseiller du chef de l’État azerbaïdjanais, avait fait savoir que son pays était «prêt à participer prochainement à Bruxelles à des réunions tripartites entre l’Union européenne, l’Azerbaïdjan et l’Arménie».
L’armée azerbaïdjanaise vient de remporter une victoire éclair face aux séparatistes arméniens du Haut-Karabakh, qui s’est, depuis, vidé de la quasi-totalité de sa population. À la veille des discussions à Grenade, Ilham Aliev avait déclaré qu’il n’y participerait pas, et ce en raison d’une «atmosphère antiazerbaïdjanaise». Le chef du gouvernement arménien, qui était quant à lui présent, jeudi, en Andalousie, avait déploré cette décision.
L’Azerbaïdjan a choisi de s’abstenir à cause de la «politique de militarisation» de la France dans le Caucase, de l’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de la région et de l’absence de la Turquie, ce qui ne revient pas à «refuser des discussions avec l’Arménie», avait insisté Hikmet Hajiev.
Kiev veut la stabilité
À Grenade, le Premier ministre arménien a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a affirmé que Kiev souhaitait la «stabilité» du Caucase et des «relations amicales avec ses nations».
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont opposées au cours de deux guerres, l’une au moment de la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020, pour le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh. L’Arménie craint désormais que son puissant voisin, bien plus riche et mieux armé, ne déclenche des opérations dans le sud de son territoire.