Crise ukrainienneLes Américains «dramatisent», l’UE tempère
La décision des États-Unis de faire évacuer des familles de ses diplomates en poste à Kiev a surpris l’Union européenne.
L’UE attend des explications du secrétaire d’État américain Antony Blinken sur la possibilité d’une invasion russe de l’Ukraine. Lundi, le chef de la diplomatie européenne s’est dit surpris par la dramatisation de Washington, qui a ordonné l’évacuation des familles de ses diplomates dans ce pays. «Le secrétaire Blinken nous expliquera les raisons de cette annonce. Nous n’allons pas faire la même chose, car nous ne connaissons pas les raisons spécifiques», a déclaré Josep Borrell à son arrivée pour la réunion avec les ministres de l’UE.
«Je ne pense pas qu’on devrait dramatiser dans la mesure où les négociations se poursuivent et elles se poursuivent. Nous n’avons pris aucune décision pour demander le départ des familles de nos diplomates d’Ukraine, à moins que Blinken ne nous fournisse des informations justifiant un tel mouvement», a ajouté Josep Borrell. Antony Blinken doit informer les membres de l’UE des «pourparlers francs» qu’il a tenus vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
L’Otan envoie navires et avions de combat
La décision de Washington a été jugée «prématurée» et «excessive» par les autorités ukrainiennes. De son côté, Londres a suivi le mouvement et annoncé le retrait d’une partie du personnel de son ambassade à Kiev. Dans ce climat tendu, l’Otan a annoncé placer des forces en attente et envoyer des navires et des avions de combat pour renforcer leur défense en Europe de l’Est face aux activités militaires de la Russie aux frontières de l’Ukraine.
Russes et Américains ont convenu d’un nouveau rendez-vous, et Antony Blinken s’est engagé à «coucher des idées sur le papier» en réponse aux demandes de Moscou pour la sécurité en Europe. La Russie exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l’Otan à l’Ukraine et à la Géorgie et demande un retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’Otan après 1997, notamment de Roumanie et Bulgarie. Des demandes inacceptables pour les Occidentaux.
Situation inquiétante
La situation sécuritaire est jugée préoccupante. Moscou assure ne pas avoir l’intention d’intervenir en Ukraine, mais soutient les revendications des séparatistes prorusses des républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk dans le Donbass (est). La Russie a massé plus de 100’000 soldats, des chars et de l’artillerie aux frontières avec l’Ukraine. «Nous espérons qu’une attaque n’aura pas lieu. Mais si c’est le cas, nous sommes prêts à répondre par des sanctions économiques et financières massives», a affirmé jeudi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.