Après sa victoire contre ShellUne ONG demande à 29 sociétés de réduire leurs émissions de CO2
Une association néerlandaise a appelé, jeudi, 29 sociétés à mettre au point, avant mi-avril, des plans pour réduire d'ici à 2030 leurs émissions de CO2 d’au moins 45% par rapport à 2019.
La victoire d'une ONG contre le pétrolier Shell devant la justice des Pays-Bas, quand un tribunal a ordonné au pétrolier de réduire ses émissions de CO2 d’ici à fin 2030 de 45% par rapport à 2019, ne sera pas sans suite. L'association, qui est la branche néerlandaise des Amis de la Terre, a envoyé une lettre jeudi demandant à 29 grandes entreprises de présenter avant le 15 avril leur plan garantissant d'arriver à ce même objectif chiffré.
«La décision dans l’affaire contre Royal Dutch Shell implique que chaque grand émetteur a une obligation de réduire ses émissions conformément à l’impératif mondial issu de l’Accord de Paris sur le climat» signé en 2015, selon cette association. «Et c’est ce que nous vous demandons.» La lettre a notamment été envoyée à l'aciériste Tata Steel, au géant de l'alimentation Unilever, à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, au fonds de pension ABP, au pétrolier ExxonMobil et au distributeur Ahold Delhaize.
Éviter des batailles juridiques
«Cette lettre tient lieu d’annonce, mais c’est avant tout une invitation, parce que ce n’est ni notre souhait ni notre ambition de nous engager dans des batailles juridiques avec tous les grands pollueurs des Pays-Bas», a souligné l’ONG. En juin 2022, Amis de la Terre rendra publiques les évaluations de ces plans dans un classement. Même si elle n’a pas reçu cette lettre, les engagements de la compagnie pétrolière Shell dans ce domaine seront également examinés.
Précédent «historique»
Un tribunal de La Haye avait ordonné en mai à cette dernière de réduire ses émissions de CO2 d’ici à fin 2030 de 45% par rapport à 2019, estimant qu’elle contribuait aux conséquences désastreuses du changement climatique. Cette affaire, appelée «le peuple contre Shell», avait été déclenchée en avril 2019 par plusieurs ONG, dont les Amis de la Terre et Greenpeace. Plus de 17'000 citoyens néerlandais s’étaient également constitués partie civile.
Le verdict avait été qualifié d’«historique» par les militants engagés dans la défense de l’environnement, selon lesquels aucune autre multinationale n’avait été contrainte par la justice de s’aligner sur l'Accord de Paris sur le climat. Le groupe Shell avait annoncé en juillet qu’il ferait appel de la décision. L’Accord de Paris sur le climat vise à contenir la hausse des températures en dessous de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.