SoudanLe bilan des violences tribales au Darfour atteint les 200 morts
Au Soudan, la région du Darfour est déchirée, depuis octobre, par des heurts entre tribus qui ont fait «au moins 199 morts». Pour certains, l’accord de paix de 2020 est mal appliqué.
Au moins 199 personnes ont été tuées dans des conflits tribaux au Darfour, rapportent vendredi des médecins, exhortant Khartoum à mettre un terme à l'«effusion de sang qui se poursuit» dans cette région, difficilement accessible aux humanitaires.
Depuis début octobre, des heurts à l’arme automatique ont déchiré le Darfour, dans l’ouest du Soudan, ravagé par une guerre sanglante à l’époque du dictateur Omar el-Béchir qui a fait, depuis 2003, au moins 300’000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.
Plus de 83’000 déplacés en un peu plus de deux mois
Les violences ont culminé avec deux épisodes meurtriers. Le premier a été provoqué le 17 novembre, par un différend entre éleveurs s’accusant de vols de chameaux dans la région montagneuse du Jebel Moun. Le second a éclaté début décembre, lors d’une dispute qui a dégénéré en bataille rangée à l’arme automatique dans la région de Krink.
Au total, selon le dernier bilan du syndicat des médecins, ils ont fait «199 morts», la grande majorité «par balles». Depuis octobre, au Darfour, plus de 83’000 personnes ont été déplacées du fait de ces violences, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Hôpitaux trop éloignés
Il y a une dizaine de jours, la branche locale du syndicat des médecins avait affirmé que «de nombreux blessés sont morts, parce qu’il leur était impossible de rejoindre un établissement médical à temps et parce que les dispensaires en zone rurale n’ont pas assez d’équipement».
Vendredi, ce syndicat a accusé les autorités – qui ont signé, en octobre 2020, un accord de paix avec des rebelles, notamment du Darfour, censé mettre fin aux violences meurtrières dans le pays – de «n’avoir pris aucune mesure sérieuse pour faire cesser les tueries». «L’État, la justice et la police sont aux abonnés absents», martèle le syndicat, alors que les autorités locales annoncent régulièrement avoir déployé des renforts de troupes.
Ressources ravagées
Mais pour les observateurs, c’est l’accord de paix de 2020 qui pèche: les forces locales qui devaient être déployées dans la foulée, pour empêcher les heurts ethniques entre éleveurs et cultivateurs des zones rurales, n’ont jamais été envoyées.
L’ONU ne cesse d’alerter sur les dégâts créés par ces affrontements saisonniers pour les terres, l’eau ou les ressources, qui ravagent maisons, champs et récoltes dans un pays où, en 2022, 30% de la population aura besoin d’une aide humanitaire – et en premier lieu les trois millions de déplacés, quasiment tous au Darfour.