Ukraine – Washington craint un piège de Moscou, Macron et Erdogan médiateurs

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UkraineWashington craint un piège de Moscou, Macron et Erdogan médiateurs

Les dirigeants turc et français se sont présentés jeudi, chacun de leur côté, en médiateurs de la crise ukrainienne, alors que Washington assurait avoir des preuves que Moscou préparait une vidéo de fausse attaque ukrainienne, prétexte à envahir l’Ukraine.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby le 3 février 2022.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby le 3 février 2022.

Getty Images via AFP

«Nous pensons que la Russie pourrait produire une vidéo de propagande très violente, qui montrerait des cadavres et des acteurs jouant le rôle de personnes en deuil, ainsi que des images de lieux détruits avec des équipements militaires ukrainiens ou occidentaux», a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby. «Nous avons des informations selon lesquelles les Russes veulent probablement fabriquer un prétexte pour une invasion, ce qui correspond tout à fait à leurs façons de faire», a-t-il ajouté.

Même si Kiev se montre plus mesurée concernant une telle invasion – le ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov, a jugé «faible» jeudi le risque d’une «escalade significative» -, les initiatives diplomatiques se multiplient pour tenter d’éviter un conflit armé entre les deux pays.

Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu jeudi, tour à tour, avec son homologue russe Vladimir Poutine, puis avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont notamment discuté des «garanties de sécurité» exigées par Moscou, lors de leur troisième conversation téléphonique de la semaine sur ce sujet, a indiqué le Kremlin en évoquant «un dialogue constructif».

«Autonomie stratégique»

Volodymyr Zelensky a lui indiqué avoir discuté avec Emmanuel Macron d’une «accélération du processus de paix dans le cadre du format Normandie», réunissant Russie et Ukraine avec médiation de Paris et Berlin.

Alors que l’UE a semblé bien peu compter lors des premières discussions russo-américaines sur l’Ukraine, le président français tente de remettre dans le jeu l’Europe, dont il prône depuis des années et non sans mal «l’autonomie stratégique».

Autre acteur régional voulant se faire une place, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renouvelé jeudi à Kiev son offre d’accueillir un sommet réunissant Ukraine et Russie.  «La Turquie est prête à prendre sa part pour résoudre la crise entre deux pays amis, qui sont ses voisins en mer Noire», a déclaré Recep Tayyip Erdogan, après avoir été reçu par Volodymyr Zelensky. «Peu importe où nous pouvons mettre un terme à la guerre, ce qui compte c’est que tout le monde y soit sincèrement prêt», a réagi le président ukrainien.

Le dirigeant turc fait valoir son appartenance à l’Otan et ses bonnes relations avec Kiev, avec qui il a signé un accord de libre-échange jeudi, pour se poser en entremetteur. Il avait réitéré auparavant son invitation à Vladimir Poutine, suggérant que ce dernier pourrait faire étape en Turquie en rentrant de la cérémonie d’ouverture des JO vendredi à Pékin.

Relation étroite

Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont développé une relation étroite ces dernières années, mais l’Ukraine est un dossier sensible entre eux: Ankara soutient l’adhésion de Kiev à l’Otan et s’est vivement opposé à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, au nom de la protection de sa minorité tatare turcophone.

Le maître du Kremlin reproche pour sa part à son homologue turc d’avoir fourni à Kiev des drones armés, utilisés contre les séparatistes pro-russes de l’Est de l’Ukraine. Les dirigeants turc et ukrainien ont signé jeudi un accord pour augmenter la production de ces appareils en Ukraine.

Faute d’un retrait militaire russe, Washington a annoncé renforcer le flanc oriental de l’Otan en redéployant un millier des soldats d’Allemagne vers la Roumanie, et en envoyant 2000 soldats américains supplémentaires en Pologne et en Allemagne. «Nous appelons constamment nos partenaires américains à cesser de nourrir les tensions», a dit jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon lui, «l’inquiétude de la Russie est claire et parfaitement justifiée», étant donné que ce sont «des Américains qu’on envoie dans des pays européens».

(AFP)

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