L’actrice qui a fait à nouveau condamner Weinstein se confie

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HollywoodL’actrice qui a fait à nouveau condamner Weinstein se confie

La plaignante anonyme qui accusait le producteur de l’avoir violée, ce qui a valu à ce dernier 16 ans de prison additionnels, a choisi de dévoiler son identité.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
Evgeniya Chernyshova en 2010 à Rome, photographiée à l’occasion de la sortie d’un téléfilm, trois ans avant son viol

Evgeniya Chernyshova en 2010 à Rome, photographiée à l’occasion de la sortie d’un téléfilm, trois ans avant son viol

WireImage

Quatre femmes étaient plaignantes lors du procès du producteur Harvey Weinstein à Los Angeles. Celui-ci n’a été jugé coupable que pour l’une d’entre elles et condamné jeudi 23 février à 16 ans de prison qui s’ajoutent aux 23 ans qu’il purge à New York après un procès pour de multiples viols.

Depuis qu’elle avait porté plainte en 2017 pour un viol commis en 2013, la plaignante à qui le tribunal a donné raison avait suivi tout le processus judiciaire de manière anonyme. Mais elle a décidé de révéler son identité et de raconter son histoire à «The Hollywood Reporter».

La victime s’appelle Evgeniya Chernyshova. Elle a aujourd’hui 43 ans. Elle est née en Sibérie mais elle a grandi en Italie. Ce mannequin a décroché quelques rôles d’actrice, notamment dans la série télévisée «Coup de foudre» à Naples en 2011.

Lors de la semaine des Oscars, en 2011, elle croise Harvey Weinstein lors d’une cérémonie en l’honneur d’Al Pacino. Elle avait déjà rencontré le célèbre producteur de Hollywood lors d’un événement cinématographique à Rome mais lui ne semblait pas s’en souvenir. C’est lui qui l’a approchée. La rencontre s’est terminée là.

Il tambourine à sa porte

En rentrant à son hôtel, alors qu’elle se prépare à se coucher, la réception lui dit qu’un homme demande à la voir. L’homme se saisit du téléphone et dit «C’est Harvey, nous devons parler». Elle lui répond que cela peut attendre demain, se demandant ce qu’il faisait ici. Quelques minutes plus tard, Weinstein tambourine à sa porte, en hurlant de le laisser entrer.

C’est davantage pour faire cesser ce tapage, par honte envers ses voisins que pour réellement lui parler, qu’elle a ouvert. «C’est la chose que j’ai la plus regrettée de ces 10 dernières années». Weinstein traverse la pièce, s’assied et s’énerve contre elle. «Et il y a eu comme un changement dans ses yeux». Elle prend peur, lui montre son alliance, lui parle de ses enfants, mais lui baisse son pantalon. «Je continuais à montrer les photos de mes enfants, pour essayer de le convaincre de ne pas faire ça. Mais il a fait ce qu’il a fait. Il m’a agressée dans la chambre, puis il m’a traînée dans la salle de bains et il m’a violée là-bas».

Weinstein est parti, disant à Evgeniya qu’il allait lui envoyer des billets pour un événement. La malheureuse a pris une douche, nettoyé sa chambre d’hôtel et a appelé la nounou de ses enfants en Italie. «Je me sentais très, très sale et comme si je devais mourir», dit-elle.

Elle se sentait coupable

Elle n’a pas porté plainte, car elle se sentait coupable. Elle est tombée dans l’alcool, a divorcé. Tout bascule en 2017 quand sa fille, 16 ans, lui dit qu’elle a été agressée sexuellement à l’école. Sa mère lui dit de porter plainte mais la fille refuse, disant qu’elle ne peut pas comprendre. Alors elle lui explique que si et les deux femmes font un pacte, de chacune poursuivre leur agresseur.

Se retrouver à la barre lors du procès Weinstein a été un moment difficile, les avocats du producteur essayant de la décrédibiliser en montrant notamment une photo d’elle souriante peu après le viol. Elle dit qu’elle tentait de faire croire au monde extérieur que tout allait bien mais eux insinuaient qu’on ne devrait pas sourire, ni se montrer après un viol.

Pour les faits qui se sont produits cette nuit-là, Weinstein a été condamné jeudi à 16 ans de prison pour «viol forcé, copulation orale forcée et pénétration par un objet étranger». Quand elle a appris en décembre que le producteur avait été déclaré coupable par un jury, cette mère de trois enfants, qui était en train de conduire, s’est arrêtée et a pleuré. Et aujourd’hui, après la sentence, elle se dévoile: «J’en ai marre de me cacher».

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