Tensions arméno-azerbaïdjanaises«Opérations antiterroristes» au Haut-Karabakh
Cette enclave habitée majoritairement par des Arméniens est disputée par les deux pays depuis longtemps. Elle a été le théâtre de deux guerres: dans les années 1990 et en 2020.
![La tension est croissante dans la région depuis des mois. La tension est croissante dans la région depuis des mois.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/01/2e00e9c1-8adc-4ae7-b88f-c24aa6f918fa.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=e88fddfd2adc9d414b097ded7caf2eea)
La tension est croissante dans la région depuis des mois.
ReutersAu moins deux civils ont été tués et 23 autres blessés dans l’opération militaire azerbaïdjanaise lancée plus tôt dans la journée de mardi au Nagorny Karabakh, ont annoncé les autorités séparatistes arméniennes de cette enclave. «Le nombre de blessés civils est passé à 23. Le nombre rapporté de victimes civiles est (lui) de deux», a déploré sur X (ex-Twitter) Gegham Stepanyan, le défenseur des droits de la région séparatiste. «Des infrastructures civiles sont également prises pour cible» par l’armée azerbaïdjanaise, a-t-il affirmé.
L’Azerbaïdjan a lancé des «opérations antiterroristes» au Nagorny Karabakh, après la mort de six personnes dans l’explosion de mines dans cette région soumise à un blocus de Bakou. Les tensions vont croissantes depuis des mois autour du Nagorny Karabakh, un territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne, qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou, dont la dernière avait duré six semaines il y a trois ans.
Une «agression à grande échelle»
La diplomatie arménienne a dénoncé une «agression à grande échelle» à des fins de «nettoyage ethnique». Elle a aussi jugé que la Russie, garant d’un cessez-le-feu datant de 2020, avec des forces de la paix sur le terrain, devait «stopper l’agression azerbaïdjanaise». Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a convoqué en urgence son Conseil de sécurité pour faire face à cette crise. Erevan a aussi dit ne pas avoir de troupes au Karabakh, laissant entendre que les forces séparatistes étaient seules face à l’armée azerbaïdjanaise.
La Russie, «préoccupée» par «l’escalade brutale» de la situation, s’efforce de faire revenir Erevan et Bakou «à la table des négociations», a déclaré mardi le Kremlin.
«Effusion de sang»
Bakou a précisé avoir informé la Russie et la Turquie de ses opérations dans l’enclave, assurant ne viser que des «cibles militaires légitimes» et non civiles. Le pays a par ailleurs affirmé mettre en place des «couloirs humanitaires» pour évacuer les civils du Nagorny Karabakh.
La Russie, alliée traditionnelle de l’Arménie et puissance régionale, a appelé Bakou et Erevan à «mettre fin à l’effusion de sang». La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a demandé aux deux parties de respecter les accords en vigueur et «d’éviter les provocations».
Bakou a justifié cette opération militaire par la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny Karabakh sous contrôle de l’Azerbaïdjan. Les services de sécurité azerbaïdjanais ont accusé un groupe de «saboteurs» des séparatistes arméniens d’avoir posé ces mines et commis un acte de «terrorisme».
«Aggraver les tensions»
La diplomatie azerbaïdjanaise a assuré que ces explosions révélaient «le principal objectif de l’Arménie qui est de ne pas retirer ses forces armées du territoire de l’Azerbaïdjan», et poursuivre des opérations militaires et de minage. Elle a aussi accusé les séparatistes arméniens de vouloir «aggraver les tensions» dans la région et de chercher à empêcher sa reconstruction, après le conflit de 2020, ainsi que le retour de civils azerbaïdjanais déplacés.
Le Nagorny Karabakh, théâtre de deux guerres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, au début des années 1990 puis à l’automne 2020, est l’une des régions les plus minées d’ex-URSS. Des explosions y font régulièrement des victimes et provoquent des heurts armés.
Des tensions de longue date
Le précédent conflit, en 2020, avait débouché sur une déroute militaire arménienne, Erevan ayant dû céder à Bakou des territoires dans et autour du Nagorny Karabakh. Un cessez-le-feu négocié par la Russie avait été signé, impliquant le déploiement sur place de soldats de la paix russes, mais des échauffourées armées éclataient encore régulièrement à la frontière.
L’Arménie a de son côté accusé la Russie, son allié traditionnel, de ne pas en faire assez pour maintenir la paix dans la région. Moscou a rejeté ces accusations, mais le Kremlin reste avant tout préoccupé par son invasion de l’Ukraine.