Qatar 2022Yakin: «Votre boulot, c’est de critiquer. Le mien, de remotiver les joueurs»
Le sélectionneur a tiré le bilan du Mondial de la Suisse, étrillée 6-1 par le Portugal. Pas de réelle remise en question personnelle. Ses choix étaient les bons. Et concertés, assure-t-il.


Murat Yakin campe sur ses positions: ses choix étaient les bons, malgré la raclée reçue. Dont la raison est simple: les Portugais étaient plus frais.
AFPDans la petite salle de presse qui jouxte le terrain d’entraînement, la photo du bonheur: la Suisse à Lucerne, au soir de sa qualification au Mondial. Contraste saisissant cet après-midi du 7 décembre: sur l’estrade, Dominique Blanc, président de l’ASF, Murat Yakin, sélectionneur et Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales. Des mines de circonstance pour dresser le bilan de la Suisse au Mondial, après la débâcle 6-1 en huitièmes de finale, face au Portugal
Il a beaucoup été question des choix de Murat Yakin, cette tactique tombée de nulle part. Et de sa responsabilité dans la déstabilisation du groupe par cette option prise. Il a répondu.
«Cela arrive…»
«Je ne prends pas la responsabilité seulement dans les victoires, mais aussi dans les défaites», a-t-il commencé. Bien. En revanche, sur sa remise en question concernant cette défense à trois tombée du ciel, il campe sur ses positions. «C’était le bon système, cela n’a pas marché, c’est comme cela, ça arrive, a lancé Yakin. Nous avons discuté avec plusieurs leaders pour prendre cette décision. Je reste convaincu que c’était la bonne décision, face à ce Portugal, trois derrière, deux devant avec Shaqiri et Embolo.»
«Je reste convaincu que c’était la bonne décision, face à ce Portugal, trois derrière, deux devant avec Shaqiri et Embolo.»
Mais alors, pourquoi tout s’est-il effondré? Simple. «Le Portugal était plus frais que nous, ils ont pu mettre au repos plusieurs joueurs lors de leur dernier match de groupe, pose Yakin. Ils ont couru dix kilomètres de plus que nous. À ce niveau, il faut de l’intensité en plus dans les courses, que nous n’avions pas.»
Les déclarations des joueurs? L’émotion…
Le choix du système n’est donc pas en cause. Et il l’explique plus encore. «Le premier but, c’est une situation exceptionnelle, avec une frappe incroyable, dans nos seize mètres, rappelle-t-il. Le deuxième, c’est sur un corner, une balle arrêtée. Le système mis en place n’a rien à voir avec ça.»
Parfait. Pourtant, au sortir du match, certains joueurs ne masquaient pas leur surprise d’avoir dû évoluer subitement en 3-5-2. Yakin? «Ils ont l’habitude de ce schéma, il y a de la flexibilité dans ce groupe, c’est ce qu’il faut, répond le sélectionneur. Après un match, dans l’émotion, ils cherchent tout de suite, à chaud, des explications pour trouver des raisons à ce qui s’est passé. Mais voilà. Pas de problème de mon côté. Votre boulot, c’est de critiquer. Le mien, de remotiver les joueurs. Et de penser au futur. Il y a cette défaite lourde, nous sommes tristes, mais il y a eu aussi des bonnes choses, comme sortir d’un groupe très difficile. Et maintenant nous allons travailler sur ces bonnes choses, pour les qualifications à l’Euro 2024, qui débutent dès l’année prochaine.»
La vérité sur Mbabu et Lotomba
On insiste en évoquant le manque de latéraux, avec les seuls Widmer (malade mardi soir) et Rodriguez. Pas de Mbabu et de Lotomba en sélection (seulement de piquet). Pourquoi? Pour cette affaire survenue en juin à Genève? Les deux Romands avaient joué aux cartes dans le lobby de l’hôtel La Réserve, en public, dépassant de quelques minutes le couvre-feu, la veille du Suisse-Portugal de Ligue des nations. Le lendemain, ils étaient en tribunes! Et le 9 octobre, ils ne figuraient pas sur la liste des 26 pour le Mondial. Une relation de cause à effet?
«Non, tranche Yakin. D’abord, oui, c’est vrai, c’est une bonne information, il y a eu cette partie de cartes en public. Trop tard. Et pour cela, il y a eu une mesure disciplinaire prise contre eux. Mais elle était strictement ponctuelle et cela n’a rien à voir avec leur non-sélection pour le Mondial. Avec Edimilson et Steffen, j’avais deux solutions de rechange très flexible pour les postes de latéraux et de couloir.»
Aller de l’avant
Murat Yakin n’est pas du genre à s’apitoyer. Cette affreuse défaite? Il l’a déjà rangée dans un coin de sa tête. Sûr d’être sur le bon chemin. Malgré ce qui peut apparaître comme des tensions entre lui et plusieurs de ses joueurs? «Je parle avec eux, je vais les voir dans leurs clubs, je les inclus dans mes processus de réflexion, promet-il. Nous avons une équipe forte, malgré ce qui s’est passé contre le Portugal, plus frais que nous. Cela arrive. Il faut aller de l’avant. Ne pas tout remettre en question.»
Non, surtout pas…