Critique – «Mourir peut attendre»: un James Bond à la fois captivant et déconcertant

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Critique«Mourir peut attendre»: un James Bond à la fois captivant et déconcertant

La 25e aventure de l’agent 007 est un film étrange, presque déstabilisant, qui va surprendre le public. À découvrir dès ce jeudi 30 septembre dans les salles romandes.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann
James Bond (Daniel Craig) et Madeleine Swann (Léa Seydoux) en mauvaise posture, dans le prégénérique de «Mourir peut attendre».

James Bond (Daniel Craig) et Madeleine Swann (Léa Seydoux) en mauvaise posture, dans le prégénérique de «Mourir peut attendre».

MGM/Universal/Eon Productions

Alors, comment est «Mourir peut attendre» («No Time To Die»), attendu depuis presque six longues années, après de nombreux reports successifs? Autant le dire tout de suite, ce 25e «James Bond» au cinéma risque fort de diviser les spectateurs, en particulier les fans de 007. Car ce long-métrage – le plus long de la saga avec 2h43 au compteur – signé Cary Fukunaga est pour le moins surprenant. Captivant mais surprenant. Et audacieux, aussi. À dire vrai, «Mourir peut attendre» (qui sort ce jeudi 30 septembre en Romandie) propose deux films en un.

Toute la première moitié du métrage est un «James Bond» pur jus: Le prégénérique, mêlant l’enfance de Madeleine Swann (Léa Seydoux) et la romance de cette dernière avec son James (Daniel Craig, en grande forme) à Matera, est spectaculaire et bondien à souhait. Le générique, avec la chanson de Billie Eilish, est très beau. Le vol d’une terrible arme bactériologique dans les laboratoires du MI6 scotche les spectateurs à leur siège, tout comme une séquence époustouflante à Santiago de Cuba où l’actrice Ana de Armas fait des étincelles. Lashana Lynch, en nouvel agent 00, fait preuve d’une belle énergie et d’humour. Et la Jamaïque, qui abrite la paisible retraite de Bond, fleure bon l’exotisme, avant un passage par Londres et la Norvège.

Pari culotté

Dans sa deuxième moitié, «Mourir peut attendre» bascule soudainement dans quelque chose de plus intimiste, de très différent. La fragilité de l’agent secret britannique y apparaît plus dessinée, plus accentuée. Bien sûr, il affronte le terrible Lyutsifer Safin (Rami Malek, un brin effacé) sur son île qui lui sert de base secrète. Il y a de la baston et des bons mots. Mais là n’est plus l’essentiel, avant le dernier quart d’heure qui prend le risque de s’éloigner des codes de la série. Oser cela, après bientôt soixante ans de «Bond» sur grand écran, est un pari culotté qu’il faut saluer, même si certaines facilités scénaristiques viennent – un peu – gâcher notre plaisir.

Côté réalisation, Cary Fukunaga fait le job avec une certaine élégance, sans toutefois égaler la virtuosité de Sam Mendes ou de Martin Campbell. Les couleurs sont belles, le montage lisible, loin des plans massacrés par Marc Forster dans «Quantum of Solace».

Musiques mythiques

Hans Zimmer signe la musique du film qui, tout en conservant la personnalité du compositeur, rend hommage aux œuvres de John Barry, Michael Kamen, David Arnold et Thomas Newman. Par ailleurs, trois anciens morceaux composés pour un des «James Bond» les plus célèbres sont utilisés dans ce film. Ce qui est plaisant, voire émouvant.

C’est donc avec un long-métrage à la fois classique et, en même temps, très surprenant que Daniel Craig prend congé du rôle de 007 qu’il avait embrassé en 2006. La boucle est bouclée. «Mourir peut attendre» est, à ce titre, une sortie très honorable pour le comédien qui aura marqué de son empreinte une saga qui va devoir, maintenant, faire des choix drastiques pour son avenir. Nouveau reboot (non, par pitié)? Retour de films unitaires, au ton léger et fun? Suite directe de «Mourir peut attendre» avec un nouvel acteur (mouais)? Les producteurs Michael Wilson et Barbara Broccoli n’auront pas le droit à l’erreur.

L’histoire

Roucoulant joyeusement en Italie, à Matera, James Bond (Daniel Craig) et Madeleine Swann (Léa Seydoux) se retrouvent poursuivis par une équipe du Spectre. 007, persuadé que sa douce l’a trahi, prend congé. Cinq ans plus tard, l’ex-espion de Sa Majesté profite d’une paisible retraite en Jamaïque. Mais son ami, l’agent de la CIA Félix Leiter (Jeffrey Wright), vient lui faire la causette. Et lui demande de l’aider à retrouver un ex-scientifique du MI6, Valdo Obruchev (David Dencik), qui a été enlevé par le Spectre. Il faut dire que le bougre a mis au point une arme bactériologique bien peu sympathique. Cette mission informelle va amener Bond sur les traces de Lyutsifer Safin (Rami Malek), un vilain gaillard qui nourrit de sombres desseins pour la population mondiale…

«Mourir peut attendre» («No Time To Die»)
De Cary Fukunaga (2021, Grande-Bretagne, 2h43)
Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Ben Whishaw, Christoph Waltz, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Ana de Armas

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