Un drone autonome de l’uni de Zurich bat des champions humains

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IAUn drone autonome de l’uni de Zurich bat des champions humains

Un drone piloté par une intelligence artificielle a surclassé pour la première fois des champions de course de drones, selon une étude publiée dans «Nature», mercredi.

Les courses se sont déroulées en juin 2022 dans un hangar de l’aérodrome militaire de Dübendorf, près de Zurich.

Les courses se sont déroulées en juin 2022 dans un hangar de l’aérodrome militaire de Dübendorf, près de Zurich.

UZH/Leonard Bauersfeld

L’exploit ouvre la voie à une optimisation de systèmes utilisés dans les voitures autonomes ou les robots industriels: pour la première fois, un drone autonome piloté par une IA a battu des champions humains de course de drones. «J’étais si proche du drone autonome que je pouvais sentir ses turbulences en essayant de ne pas le lâcher», a dit, dans une étude publiée dans «Nature», mercredi, Alex Vanover, un des trois champions de la discipline recrutés par le Groupe de robotique et perception à l’Université de Zurich pour affronter leur champion.

La course s’est tenue sur un circuit de 75 mètres composé de sept portes – de grands cadres bleus à franchir dans un certain ordre – et sur trois tours. Avec des machines atteignant aisément 100 km/heure et des accélérations qui laisseraient loin derrière une F1, tout en négociant des virages à 180 degrés. Munis du casque transmettant les images de leur drone pour son pilotage, les trois hommes dont un ex-champion du monde de la Drone racing league, ont eu une semaine pour s’entraîner.

Système autonome Swift

Le drone autonome a remporté une majorité de ses courses contre chacun d’entre eux, et effectué le tour le plus rapide du circuit. C’est la première fois qu’«un robot autonome mobile atteint une performance au niveau d’un champion du monde dans un sport de compétition dans le monde réel», selon l’étude. Des drones avaient bien atteint un niveau «expert», mais avec l’aide d’un système extérieur de capture de mouvement optimisant leur trajectoire. Un avantage «injuste» pour l’équipe de Zurich qui présente Swift, un système complètement autonome, embarquant ses seuls capteurs et sa puissance de calcul à bord du drone.

«Swift corrige sa course en temps réel, en envoyant 100 nouvelles commandes par seconde au drone», explique à l’AFP Elia Kaufmann, premier auteur de l’étude et encore doctorant au moment de sa rédaction. Le secret de Swift repose sur une technique dite d’apprentissage par renforcement profond (ndlr: «Deep reinforcement learning»).

Éviter un crash

Le système a testé des millions de trajectoires combinant la perception de son environnement et sa progression vers la porte suivante. «Swift s’est entraîné sur l’équivalent d’environ un mois de temps réel, mais en accéléré, c’est-à-dire en une heure sur un ordinateur de bureau», a dit M. Kaufmann. Cette méthode d’apprentissage est au cœur de programmes capables d’affronter un maître du jeu de Go ou d’échecs, ou encore un pro de jeux vidéo tels que «StarCraft» ou «Gran Turismo». Mais hors du monde virtuel, l’humain restait jusqu’ici maître de la course.

La machine bénéficie d’avantages inhérents, comme une centrale inertielle embarquée qui lui restitue des informations comme l’accélération, que le pilote humain ne peut ressentir sans embarquer sur son drone. Autre avantage, un temps de réaction cinq fois plus rapide à une commande que celle reçue par un cerveau humain. À ce stade, l’humain conserve un avantage dans un environnement dégradé, avec par exemple des changements d’éclairage. L’humain tient compte aussi de son avance éventuelle sur son adversaire pour ralentir un peu, afin d’éviter un crash. La machine elle, va toujours à fond «en prenant potentiellement trop de risque tout en étant en tête», remarque l’étude.

Impact étendu

L’impact de ces travaux s’étend au-delà des courses de drones, remarque Guido de Croon, expert du sujet et professeur à l’Université technologique néerlandaise de Delft. Les avancées dans ce domaine intéressent au plus haut point les militaires, selon lui, mais «ont une étendue d’applications beaucoup plus larges». En facilitant des «missions plus fluides, rapides et de plus grande autonomie».

(AFP)

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