La Chaux-de-Fonds (NE)«Si je dois mourir, la personne que j’aime doit mourir avec moi»
Prévenu de tentative d’assassinat sur son ex, un quinquagénaire comparait depuis mercredi devant le tribunal criminel.
- par
- Marc Fragnière
Un homme qui avait essayé de tuer sa femme et de mettre fin à ses propres jours en précipitant son véhicule dans le vide aux Roches-de-Moron (NE) est jugé depuis mercredi à la Chaux-de-Fonds (NE). Adoptant une posture de victime, ce maçon portugais s’est systématiquement réfugié derrière son état psychologique au moment des faits pour excuser ses actes. Ainsi, le quinqua a inlassablement servi la même phrase à la cour: «Je ne savais pas ce que je faisais, j’étais en dépression profonde.»
Le fils qui avait été blessé au couteau lors du rapt de sa mère a résumé parfaitement la situation: «Il s’excuse, mais il ne reconnait pas sa culpabilité» a dit le cadet de la fratrie avant de souhaiter, sans rancœur, «un jugement juste pour tout le monde.» Un vœu également formulé par son aîné. Très affecté, ce dernier a soufflé qu’il était actuellement soulagé pour sa mère «parce qu’elle n’a plus à regarder derrière son dos». Une accalmie passagère selon celle qui s’est dite persuadée - une conviction partagée par ses fils - que celui qui est désormais son ex-mari «est obsédé par elle». Au point qu’elle craint pour sa vie, une fois que le prévenu aura purgé sa peine. «Je devrai aller me réfugier dans un autre pays, me cacher», a-t-elle dit en sanglotant, se remémorant sans doute la logique de son ex dépressif: «Si je dois mourir, la personne que j’aime doit mourir avec moi.»
Avant l’aube, le 15 février 2022, il avait forcé son épouse à monter dans son véhicule, sous la menace d’un couteau. Alors que son fils cadet avait tenté de le désarmer, il lui avait occasionné une importante coupure. Le forcené avait ensuite conduit son épouse jusqu’aux Roches-de-Moron avant de précipiter la voiture dans le vide, causant de multiples blessures physiques et morales. L’après-midi de mercredi sera réservée au réquisitoire et aux plaidoiries.
Une situation qui s’était dégradée
Lors de leurs auditions, les deux frères, qui se sont également constitués parties civiles, ont évoqué des tensions qu’ils ont longtemps essayé de régler au sein de la structure familiale. Mais l’état psychologique de leur père, qui s’était mis à boire plus que de raison quelques mois avant les faits, s’était dégradé. Et la fréquence augmentée d’épisodes violents les avait convaincus d’appeler la police une première fois, cinq jours avant la tentative d’assassinat. Le prévenu s’en était pris physiquement à leur mère et l’avait menacée de mort. Elle s’était alors réfugiée chez l’aîné et la police était intervenue manu militari, procédant à l’interpellation du maçon dans le garage où il s’était retiré. Ce dernier avait subi deux jours de détention et s’était vu notifier une interdiction de périmètre. Une décision qu’il n’avait pas respectée.