PolitiqueAux législatives, la droite française tente d’exister
Si la droite a longtemps dominé la vie politique française, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Pourtant, elle pourrait jouer un rôle à l’issue du second tour des législatives, ce dimanche.
Le parti héritier des gaullistes, Les Républicains (LR), et son allié centriste UDI ont totalisé 11,3% des voix au premier tour des législatives, dimanche dernier, en quatrième position derrière la coalition Ensemble! du président Macron, la gauche radicale Nupes de Jean-Luc Mélenchon et le parti RN d’extrême droite de Marine Le Pen. Soit un net recul par rapport aux 15,77% des voix obtenues au premier tour des législatives, en 2017.
Le parti de l’ancien président, Nicolas Sarkozy, a certes limité la casse grâce à son implantation locale, en qualifiant 81 candidats pour le second tour, dont 73 sous l’étiquette LR. Il «table raisonnablement sur une soixantaine de députés dimanche prochain», contre une centaine aujourd’hui, selon un participant à une réunion du parti, lundi, à Paris. Mais il est quasi assuré de perdre son statut de premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, même s’il reste majoritaire au Sénat.
Ce nouveau revers intervient après la débâcle à la présidentielle d’avril. La candidate Valérie Pécresse avait alors obtenu 4,8% des suffrages, le pire résultat de l’histoire du parti. L’ex-président Sarkozy, resté silencieux et au jeu trouble avec Emmanuel Macron, ne lui avait même pas apporté son soutien.
Réduit à une force d’appoint
Reste que, selon les experts, le parti LR se retrouvera dans une position potentiellement stratégique si Emmanuel Macron n’obtient qu’une majorité relative à l’Assemblée, à l’issue du second tour, ce qui est tout l’enjeu du scrutin de dimanche. «En cas de majorité relative, LR aurait la main sur le destin du quinquennat d’Emmanuel Macron, en tout cas de sa majorité parlementaire. LR est réduit à cette force d’appoint», explique Frédéric Dabi, de l’institut Ifop.
Un autre expert, Jérôme Jaffré, s’interrogeait même, dans «Le Figaro», mardi, pour savoir s’il «serait alors envisageable de bâtir une coalition des macronistes avec la majorité des LR, fût-ce au prix d’un changement de Premier ministre juste un mois après l’avoir nommée!», en référence à Elisabeth Borne, désignée cheffe du gouvernement, mi-mai.
«C’est toute l’ironie de l’histoire politique: aujourd’hui, ma famille politique ne va pas bien, et pour autant, on peut avoir besoin des Républicains», résumait, lundi, Jean-François Copé, qui plaide pour un pacte gouvernemental.
Une opposition «déterminée»
Ce rôle de faiseur de roi aurait un goût de revanche, pour un parti écarté depuis dix ans du pouvoir. Mais il n’irait pas sans risque, alors que Les Républicains ont clamé, depuis la présidentielle, ne pas être solubles dans la majorité «macroniste».
Le parti s’en défend. LR sera «une opposition déterminée, mais utile», capable de «voter et amender les réformes qui vont dans le bon sens», mais de «s’opposer durement à celles qui vont à contresens de ce que l’on souhaite et à l’intérêt du pays», a assuré, lundi, le patron de la formation, Christian Jacob, rejetant toute notion de force d’appoint.