WEF Davos 2023Le sombre bilan d’Alain Berset au Forum de Davos
Le président de la Confédération s’est adressé ce mardi au World Economic Forum. Il a insisté fortement sur la nécessité de lutter contre les inégalités, qui ne cessent de croître dans le monde.
- par
- Eric Felley
En cette première matinée du World Economic de Davos 2023, le président de la Confédération, Alain Berset, a tenu un discours aux accents pessimistes sur l’avancée du monde devant une salle comble. En introduction, le patron du WEF, Klaus Schwaab, a commencé par évoquer les défis «sans précédents» auxquels les dirigeants du monde sont confrontés aujourd’hui: «Des questions existentielles se posent avec le climat, l’exploitation de la nature, l’énergie nucléaire et une très grande pauvreté. Tous ces éléments pourraient entraîner l’extinction de certaines populations sur la terre», a-t-il conclu.
Alain Berset a commencé son discours en évoquant l’agression russe en Ukraine et la grande solidarité des autres pays. «La Suisse mettra tout en œuvre pour renforcer le droit international et le multilatéralisme, a-t-il rappelé (…) Le monde a besoin de plateformes multilatérales fortes, parce que les plus grands défis actuels sont transnationaux, comme le changement climatique, les migrations, la sécurité ou l’environnement»
La démocratie en péril
Pour Alain Berset, le WEF est «un lieu d’optimisme et d’esprit de réussite particulièrement important en temps de crise». Il s’est rappelé l’édition 2012, où Klaus Schwaab avait encouragé les participants à agir contre les inégalités: «Cet avertissement était particulièrement vrai et clairvoyant, note le président, mais depuis les inégalités n’ont cessé de croître. Les inégalités sont aussi grandes qu’il y a 20 ans».
Pour le président de la Confédération, ces inégalités favorisent l’émergence des populismes et «sapent la cohésion sociale en cherchant des boucs émissaires.» Il a fait ce constat alarmant: «À l’époque environ 50% de la population mondiale vivait dans un système démocratique, aujourd’hui, cette proportion est tombée à 20%».
Plus d’équité sociale
«Nous devons prendre des mesures pour défendre les fondements d’une coexistence civilisée, a poursuivi Alain Berset. Nous avons beaucoup réfléchi, ici au WEF, à l’efficacité et à la prospérité, mais trop peu à l’équité sociale. Les États sont encore plus fragilisés par le changement climatique, la pandémie ou la guerre en Ukraine. Environ 350 millions de personnes, dans plus de 80 pays, sont exposées aujourd’hui à un risque aigu de famine. C’est 200 millions de plus qu’avant la pandémie».
Soutenir les États fragiles
Évoquant la situation des pays africains, dont la croissance a été freinée à cause de la guerre en Ukraine, le président a parlé des États fragiles: «Leurs problèmes sont exportés vers les pays voisins ou des régions lointaines sous forme de corruption ou de terrorisme. Nous devons tout faire pour soutenir les États fragiles. La fragilité est une menace pour nous tous. C’est vrai au niveau national et aussi au niveau international».