Formule 1: L’avantage reste à Red Bull

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Formule 1L’avantage reste à Red Bull

Si les deux Ferrari peuvent jouer la première ligne des qualifications, le rythme de course des Red Bull RB18 donne toujours Max Verstappen favori du Grand Prix d’Espagne.

Luc Domenjoz Barcelone
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Luc Domenjoz Barcelone

Vendredi, au terme des deux séances d’essais libres, les Ferrari montraient que le nouvel ensemble aérodynamique (notamment de nouveaux ailerons arrière) amené à Barcelone fonctionne comme prévu. Le vendredi, Charles Leclerc s’est montré le plus rapide de la journée, juste devant Carlos Sainz au terme de la première séance. La Red Bull de Max Verstappen était plus loin et semblait distancée…

Sauf si on analyse les chronos de la journée dans leur ensemble, sans s’arrêter au meilleur tour absolu. Le vendredi après-midi, les écuries effectuent ainsi des «longs relais», afin de déterminer leur rythme de course ainsi que l’usure des pneus dans les conditions particulières de chaque circuit. Ces relais donnent une meilleure image de la future course que les chronos bruts, qui reflètent plutôt les conditions de qualification.

Leclerc pessimiste

Si, en qualifications, les Ferrari devraient pouvoir viser les meilleures places, elles devraient ainsi se montrer nettement moins rapides en course. Charles Leclerc en est bien conscient: malgré son meilleur chrono de vendredi, il se montrait plutôt pessimiste après les essais: «Il faut que nous trouvions des moyens d’améliorer les performances», lâchait-il. «Sinon, nous ne pourrons pas tenir, dimanche.»

En conditions de course, Max Verstappen a en effet couvert 13 tours consécutifs avec une moyenne de 1:26.073. Charles Leclerc, pour sa part, a bouclé 12 tours avec une moyenne de 1:26.687. Soit six dixièmes plus lent que la Red Bull. Pire encore: la Ferrari a davantage dégradé ses pneus que sa rivale, et a terminé ce relais d’essais avec des chronos dépassant les 1:27.

Dépassements difficiles

Ces mauvaises nouvelles pour Ferrari pourraient tout de même conduire sur une victoire: à Barcelone, les dépassements sont presque impossibles. Si les Ferrari partent en tête, elles peuvent tenter d’y rester jusqu’à l’arrivée. C’était de cette manière, d’ailleurs, que Max Verstappen avait remporté son premier Grand Prix, en 2016, end retenant, toute la course durant, la Ferrari de Kimi Räikkönen, nettement plus rapide mais bloquée derrière lui.

Changement de châssis pour Carlos Sainz

Les ennuis continuent de s’accumuler sur Carlos Sainz. Alors que son équipier Charles Leclerc caracole en tête du championnat avec 104 points, l’Espagnol ne pointe qu’à la cinquième place avec 53 points. Presque la moitié!

Bien sûr, Carlos Sainz a joué de malchance à plusieurs reprises. Il semble que la poisse se concentre sur lui, et ça continue à Barcelone, devant son public: vendredi soir, la Scuderia a découvert un problème avec le système d’alimentation en carburant sur sa monoplace, sans autre solution que de changer complètement de châssis.

Un travail énorme – puisqu’il faut conserver le même moteur - qui a nécessité de rompre le couvre-feu imposé chaque nuit aux écuries, qui ont droit à deux exceptions par an, celle d’hier étant la première pour Ferrari.

Les Mercedes ont bien progressé

Après cinq Grands Prix épouvantables pour les Mercedes – le pire début de saison depuis l’ère des moteurs hybrides, introduits en 2014 –, ça va mieux. Ce week-end à Barcelone, l’écurie a amené plusieurs nouveautés sur sa W13, dont un nouvel aileron arrière censé résoudre le problème de marsouinage – ces terribles vibrations dont les voitures sont victimes à haute vitesse.

Et en effet, ça va mieux. Le vendredi, les deux Mercedes se sont classées deuxième et troisième des essais libres 2, ce qui ne leur était jamais arrivé depuis le début de la saison. «Je me sens nettement mieux dans la voiture», lâchait un Lewis Hamilton soulagé. «Il reste des vibrations au bout de la ligne droite, mais c’est franchement mieux.»

Toto Wolff, le patron de l’écurie, retenait sa joie: «Nous ne sommes pas encore au point, mais ça va mieux. Notre voiture est encore très instable, on perd énormément de temps dans les virages 3 et 9 (les deux virages à droite rapides du circuit), ce qui nous coûte cher au chrono. Mais on progresse.»

Aston Martin innocenté…

Jeudi, lorsque l’écurie Aston Martin a déballé la nouvelle version de son AMR22, la monoplace de cette saison, dans le paddock de Barcelone, plusieurs personnes ont jugé cette voiture exactement identique à la Red Bull RB18. Les règlements sportifs interdisent de copier une voiture sur l’autre, et interdisent même le «retro-engineering», le fait de s’inspirer d’une autre voiture sur la base de photos détaillées.

Il se trouve – quel hasard! – que le patron de l’aérodynamique de Red Bull, Dan Fallows, a été embauché l’an dernier (à grands frais, soit 3 millions de dollars) par Aston Martin. Sauf que l’ingénieur a dû observer une période d’inactivité de plusieurs mois et qu’il n’a commencé son travail chez Aston que le 2 avril dernier. Un peu court pour créer de nouvelles pièces et les aligner dans le paddock ce week-end.

… mais pas sorti d’affaire

La Fédération Internationale de l’Automobile (la FIA), prévenue du problème, a mené l’enquête chez Aston Martin et a jugé que l’équipe anglaise avait produit ses pièces elle-même, sans la moindre copie illégale. Tout est donc en ordre, sauf pour les patrons de Red Bull. «Nous avons des preuves que des données ont été téléchargées depuis nos ordinateurs», tonne Helmut Marko, le patron du sport automobile de la marque. «Sinon, comment aurait-il été possible d’avoir une copie aussi fidèle de notre voiture?»

Andrew Green, le directeur technique d’Aston, dément: «Ces pièces ont été dessinées pendant l’hiver, bien avant l’arrivée de Dan Fallows. Cet hiver, nous avions dessiné deux voitures différentes, pour éviter de nous lancer dans une seule direction qui aurait été fausse. C’est tout.»

En attendant, le fait d’avoir recruté des ingénieurs de diverses autres écuries a fâché presque tous les patrons contre Aston Martin, l’équipe la plus détestée du paddock. Son propriétaire, Laurence Stroll, chercherait d’ailleurs à la vendre.

Fernando Alonso a trop parlé

Tout à la fin du Grand Prix de Miami, Fernando Alonso a coupé la chicane serrée du circuit. Il a ensuite ralenti pour «rendre» l’avantage ainsi gagné, mais il a tout de même été sanctionné par les commissaires de Miami, qui l’ont condamné à cinq secondes de pénalité qui l’ont fait sortir des points. Furieux, l’Espagnol est allé voir les commissaires après la course, mais ces derniers étaient déjà partis!

À Barcelone, le double champion du monde ne s’est pas privé pour relever leur amateurisme: «Leur décision était injuste et peu professionnelle, a-t-il dit. Ils l’ont prise sans même nous demander les données de télémétrie qui prouvent que j’ai levé le pied et rendu le temps gagné! À Miami, avec Otmar (Szafnauer, le patron de l’équipe, ndlr), nous sommes allés les voir, mais leurs affaires étaient déjà rangées… et la pièce était vide! Alors nous sommes allés voir les commissaires, ici à Barcelone. Ils nous ont dit d’attendre cinq minutes… et ils ont constaté qu’ils n’ont légalement pas les moyens de modifier une décision prise dix jours plus tôt.»

«Pas la compétence nécessaire»

Indirectement, Fernando Alonso pointe Niels Wittich, le nouveau directeur de course qui a remplacé Michael Masi, licencié après le scandale d’Abu Dhabi, l’an dernier. «Le directeur de course n’a pas la compétence nécessaire. Je sais qu’il y en a un nouveau ici, Monsieur Freitas, qui s’occupait d’endurance et qui a plus d’expérience. Mais à Miami, ça n’allait pas. Les pilotes avaient aussi demandé la pose de nouvelles barrières Tepco à la chicane, mais personne ne nous a écoutés, personne n’a rien fait, et on a eu les graves accidents de Carlos (Sainz) et Esteban (Ocon, son équipier). Ça n’est pas professionnel.»

Quelques minutes plus tard, on a vu Fernando Alonso en discussion avec Mohammed Ben Sulayem, le nouveau président de la FIA. L’Espagnol pourrait être sanctionné pour avoir critiqué la fédération et le championnat, ce qui est interdit depuis plus de 25 ans et a déjà valu des sanctions à Jacques Villeneuve ou Christian Horner…

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