France30 ans de réclusion requis pour le meurtre de la postière
Une mère de 41 ans, enceinte de 5 mois, avait été lâchement assassinée dans la petite agence postale où elle travaillait. Le procès du meurtrier présumé se termine.
Une peine de 30 ans de réclusion a été requise lundi, devant la cour d’assises de l’Ain, à l’encontre de Mamadou D., accusé du meurtre sanglant d’une postière en 2008, crime dont il se dit innocent.
«Je ne crois pas à la thèse du spectateur profiteur (...) et si on n’est pas spectateur, c’est qu’on est acteur de la scène», a déclaré l’avocat général Eric Mazaud, relevant la «constante adaptation dans le mensonge» de l’accusé. Confondu par son ADN près de dix ans après le meurtre, Mamadou D. assure s’être rendu sur les lieux mais avoir pris la fuite en s’emparant d’une liasse de billets après avoir découvert le cadavre de la victime. Le magistrat a également fustigé «l’amnésie traumatique» que l’accusé a invoquée pour expliquer son absence de réponse sur les faits. «L’amnésie n'est pas seulement sélective, elle est utilitaire», a-t-il estimé.
Le corps de Catherine Burgod, 41 ans, avait été découvert le 19 décembre 2008, dans l’arrière-boutique de la petite poste de Montréal-la-Cluse, baignant dans une mare de sang. 28 coups de couteau étaient relevés sur le corps de cette mère de deux enfants, enceinte de 5 mois.
Précédente piste
L’enquête s’était d’abord rapidement orientée sur la piste de Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français devenu marginal, qui résidait alors en face de cette poste. Cet homme a disparu en 2019, avant de bénéficier d’un non-lieu. Durant les cinq premiers jours de débats, la défense a tenté d’instiller à nouveau un doute autour notamment de la piste menant à Gérald Thomassin.
Pour l’avocat général, il s’agit d’un «épouvantail qu’on va vous brandir, ça sert à distraire les oiseaux pour les emmener ailleurs». «La piste Thomassin ne vaut rien du tout», a-t-il ajouté. Plus tôt, vendredi, l’avocate des parties civiles Me Séverine Debourg avait de son côté pointé du doigt les «deux leitmotivs» de l’accusé : «Sa présomption d’innocence» et le fait qu’il «n’a pas le bon profil». Ce dernier a été unanimement décrit par son entourage comme un jeune homme «gentil» et «serviable». «Un bon profil n’a jamais fait un innocent, et c’est la grandeur de la justice de ne pas s’arrêter aux apparences», a plaidé Me Debourg.