Manque d’eauL’or bleu est rationné dans la troisième ville du Mexique
À Monterrey, au Mexique, l’eau est une denrée rare. Les habitants doivent patienter pour pouvoir s’approvisionner, alors que les barrages sont peu remplis malgré le début de l’été.
De l’eau six heures par jour seulement: les habitants de Monterrey, capitale industrielle du Mexique, vivent au rythme d’un rationnement «drastique» face à la sécheresse et aux réserves désespérément basses dans les barrages. Depuis samedi, l’eau ne coule des robinets que de 4 à 10 heures du matin dans la troisième ville du pays (1,1 million d’habitants), connue pour ses industries, son université et ses clubs de football. Les restrictions doivent durer jusqu’au mois d’août.
Les autorités de Monterrey, capitale de l’État du Nuevo León, frontalier du Texas, sont allées plus loin que le gouverneur de Santiago du Chili, qui avait envisagé en avril le rationnement en dernier recours face au manque d’eau dans la capitale chilienne.
«Il y avait juste de l’eau pour se laver»
Les restrictions d’eau sont inusuelles pour l’instant au Mexique, où d’autres zones souffrent de la sécheresse, comme Ensenada, en Basse-Californie, où des habitants ont manifesté contre des coupures d’eau récurrentes. La situation est critique depuis des mois à Monterrey, ville des «Tigres», le club des attaquants français André-Pierre Gignac et Florian Thauvin.
«La semaine dernière, il y a eu deux ou trois jours sans eau. Il y avait juste de l’eau pour se laver. Mais il n’y avait pas d’eau potable, même dans les magasins ni dans le reste du quartier, même pas pour boire», avance Rogelio Hernández, un habitant d’Apodaca, une des communes de l’agglomération.
Annoncé vendredi, le rationnement a durci un précédent programme (coupure d’eau un jour par semaine, quartier par quartier). «Il y a un déficit» d’eau face à la demande, a souligné le directeur du service d’eau et du drainage, José Ignacio Barragán, précisant que les pluies n’ont pas été suffisantes pour remplir les barrages. «Nous sommes au début de l’été. La consommation augmente», a-t-il ajouté, reconnaissant que le rationnement était une mesure «drastique».
Des achats de panique
Les médias ont rapporté des achats de panique de bouteilles d’eau minérale dans les supérettes. Les écoles ont demandé à leurs élèves d’amener au moins un litre d’eau pour leur consommation personnelle, en modifiant leurs horaires pour s’adapter à l’absence d’eau aux robinets.
Un «service d’eau gratuit» a aussi été mis en place, avec 150 camions qui tournent dans la ville pour remplir des citernes «dans les zones avec des problèmes d’approvisionnement». Des files d’attente se forment chaque jour autour de ce service d’urgence, a rapporté la presse locale. Des puits sont aussi en train d’être creusés pour capter l’eau souterraine, mais ces travaux ne sont pas encore terminés.
«On a préféré les entreprises aux personnes»
Le manque d’eau est dû au faible niveau des barrages dans cette région où les températures peuvent atteindre 40 degrés. Monterrey accueille les sièges de plusieurs grandes entreprises, ainsi que le prestigieux Institut technologique de Monterrey.
Le président Andrés Manuel López Obrador a demandé en mars aux industriels de l’État du Nuevo León de partager l’eau des puits qui alimentent leurs entreprises, face aux problèmes de sécheresse qui se posaient déjà. «Dans le partage de l’eau, on a préféré les entreprises aux personnes», estimait lundi dans son éditorial le journal de gauche «La Jornada», proche du pouvoir. Le rationnement va «aggraver les profondes inégalités qui existent déjà», car «les habitants des quartiers populaires n’ont pas les moyens de stocker» de l’eau, ajoutait le quotidien.