Affaire Fourniret«Son meurtre brutal nous hante comme un cauchemar»
Au cinquième jour du procès de Monique Olivier, jugée pour complicité des crimes de son ex-mari Michel Fourniret, les proches de Joanna Parrish, l’une des victimes du tueur en série, ont témoigné.
Une fillette heureuse sur les photos de famille puis «un cauchemar dont on ne peut se réveiller»: les proches de Joanna Parrish ont témoigné lundi à Nanterre, au cinquième jour du procès de Monique Olivier, ex-épouse de Michel Fourniret, jugée pour complicité dans l’enlèvement, le viol et le meurtre de la jeune Britannique en 1990.
Devant la Cour d’assises des Hauts-de-Seine, Roger Parrish, 80 ans, rappelle que sa fille aînée est née le 30 juillet 1969, «quelques jours après les premiers pas de l’homme sur la Lune». Il montre les photos d’une «famille unie», sur lesquelles on la voit demoiselle d’honneur à un mariage à cinq ans, adolescente en uniforme scolaire, avec cette coupe de cheveux courte typique des années 80, puis étudiante en robe de soirée pour le bal de l’université.
Le président, Didier Safar, n’interrompt pas le père ému quand ce dernier décrit les photos d’un bonheur familial anéanti l’année de ses 20 ans. «Sa vie a été interrompue par un psychopathe cruel et narcissique, et sa femme qui a été une participante active à tous ses crimes», conclut Roger Parrish.
Michel Fourniret, surnommé «l’ogre des Ardennes», mis en examen pour l’enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre de Joanna Parrish, est décédé en mai 2021. Seule dans le box, Monique Olivier, vêtue d’une polaire noire, reste impassible, comme les jours précédents.
Élève modèle
À son tour, la sœur de Roger Parrish, Pauline Harris, décrit Joanna comme une élève modèle et une fillette proche de ses cousins. «Son meurtre brutal nous hante comme un cauchemar dont on ne peut se réveiller», dit-elle, en décrivant le chagrin d’une famille qui dure depuis 33 ans.
Elle et son frère sont catégoriques: Joanna ne serait jamais montée dans une voiture avec un homme seul qu’elle ne connaissait pas, mais peut-être avec «un homme accompagnée de sa femme, qui ont été capables de la piéger par leurs mensonges».
Attachée, battue, violée et étranglée
Monique Olivier est aussi jugée à Nanterre pour complicité dans deux autres crimes: l’enlèvement, la séquestration, la tentative de viol et le meurtre de Marie-Angèle Domèce en 1988; l’enlèvement, la séquestration et le meurtre d’Estelle Mouzin en 2003. Elles n’ont jamais été retrouvées. Mais le corps dénudé de Joanna a été découvert, dans l’Yonne, à Monéteau, le 17 mai 1990. Elle avait été battue, violée et étranglée, et ses poignets et chevilles portaient des traces de liens.
En français, Patrick Proctor, son petit ami de l’époque, décrit une Joanna «intelligente, drôle, très gentille», qui «avait beaucoup d’amis» et «aimait beaucoup la France». Il a refait sa vie, a eu des enfants. «Même 33 ans après», Jo, comme il l’appelle, est «toujours dans (ses) pensées».
Monique Olivier mettra 15 ans à avouer le crime
Ils s’étaient rencontrés à l’Université de Leeds en Angleterre en 1987 et envisageaient de se marier. Joanna était venue en France pour être assistante d’anglais dans un lycée d’Auxerre, dans le cadre de sa troisième année d’études. Elle s’était rendue à un rendez-vous avec un homme qui recherchait ces cours pour son fils collégien, le 16 mai 1990 aux alentours de 19 h dans le centre d’Auxerre. Joanna Parrish n’a plus été revue en vie ensuite.
Il fallut attendre février 2005 pour que Monique Olivier livre de premiers aveux sur ce crime aux enquêteurs belges, quand Michel Fourniret se trouvait en détention provisoire après son arrestation en 2003 pour l’enlèvement raté d’une adolescente. Vingt-huit ans après les faits, en 2018, Michel Fourniret avait fini par avouer son implication à la juge d’instruction Sabine Kheris.