Haro sur les meutes: Le Valais mobilise des centaines de chasseurs pour tirer le loup

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Haro sur les meutesLe Valais mobilise des centaines de chasseurs pour tirer le loup

Les autorités valaisannes lancent une opération hivernale qui vise les sept meutes du canton. Mais démentent «une volonté de carnage».

Eric Felley
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Eric Felley
Le Conseil fédéral a autorisé la chasse des meutes de loup entre décembre et janvier.

Le Conseil fédéral a autorisé la chasse des meutes de loup entre décembre et janvier.

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Avant même la décision du Conseil fédéral du 1er novembre, le Service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune a fait circuler dès le 31 octobre un formulaire destiné aux quelque 2500 chasseurs du canton. Ce document les invite à s’inscrire pour participer à la traque des sept meutes que compte le canton en cochant la bonne case: A. Meute du Nanz. B. Meute d’Augsbord. C. Meute d’Hérens. D. Meute du Fou. E. Meute du Mont Brun. F. Meute des Hauts-Forts et G. Meute du Chablais.

Les inscrits retenus devront passer un cours de formation d’une soirée entre les 20 et 23 novembre dans une des trois régions du canton. Tout cela pour être prêt au 1er décembre, date de l’ouverture de la chasse d’hiver aux loups, décrétée mercredi par le Conseil fédéral et le Département de l’environnement d’Albert Rösti.

Le conseiller national Christophe Clivaz (V/VS), craint que ces battues fassent le vide dans le canton: «Ce que je trouve incroyable, c’est que l’on parte du principe de s’en prendre aux sept meutes qu’il y a en Valais, c’est-à-dire à toutes. Dans l’ordonnance, il y a aussi des critères à respecter, notamment sur le rôle du loup dans le rajeunissement des forêts et cela concerne pas mal de régions en Valais».

Les limites du tir préventif?

Autre problème, soulevé dans «Le Temps» de jeudi par la responsable romande du Groupe Loup Suisse, Isabelle Germanier: parmi les sept meutes proposées aux chasseurs, «une seule a commis des attaques sur du bétail protégé». Or mercredi le Conseil fédéral a précisé que les meutes qui n’ont pas causé de dégâts ne peuvent être régulées à titre préventif. Pour Christophe Clivaz, les règles du jeu manquent de clarté: «Au début septembre, lors de la discussion de la révision de l’ordonnance, d’aucuns ont justifié le tir préventif du loup si un seul troupeau de moutons se trouvait sur son territoire, qu’il y ait eu des attaques ou non…»

Entre 200 et 300 chasseurs

Dans les cinq régions définies par le Conseil fédéral, le Valais se retrouve dans un énorme territoire qui couvre également l’Oberland Bernois et Fribourg. Selon les plans d’Albert Rösti, il ne pourrait y subsister que trois meutes, donc théoriquement aucune en Valais. Les autorités valaisannes contestent une volonté d’éradication, cependant des moyens appréciables sont mis à disposition: entre 200 et 300 chasseurs seront mobilisés sous les ordres du Service de la chasse et des gardes-faune.

Dans «Le Nouvelliste» de vendredi, le président de la Fédération valaisanne des sociétés de chasse, Pascal Vuignier se veut prudent: «Il n’y aura pas d’hécatombe cet hiver. La chasse au loup se passe généralement dans des zones difficiles d’accès et est bien plus compliquée que ce que certains l’imaginent. Et quand un individu de la meute est tué, les autres vont se déplacer et éviter la zone de prélèvement…».

Plan de tir avant la fin du mois

Le conseiller d’État en charge du dossier, Frédéric Favre, veut calmer les esprits: «Il est exclu d’envoyer tous les chasseurs dans les montagnes à la traque au canidé. Il n’y a pas de volonté de carnage», dit-il dans «Le Temps». Mais il justifie le recours aux chasseurs: «Les effectifs de loups, qui atteignent la centaine de bêtes sur le territoire valaisan, sont trop importants pour qu’une régulation par les seuls gardes-faune soit efficace». Le canton dévoilera un plan de tir d’ici à la fin du mois. Mais au final, c’est l’Office fédéral de l’environnement qui donnera le feu vert ou pas.

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