Guerre en Ukraine«Si les missions sont fixées par des trouducs, le soldat quitte la tranchée»
Le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, accuse des militaires russes de fuir les combats à Bakhmout et critique les commandants de l’armée russe.
Le patron du groupe paramilitaire Wagner a accusé mardi des soldats de l’armée régulière russe d’avoir fui leurs positions à Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, et accusé l’Etat d’être incapable de défendre la Russie. L’homme d’affaires Evguéni Prigojine est en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire russe qu’il accuse de ne pas fournir suffisamment de munitions à son groupe, en première ligne à Bakhmout, et multiplie les critiques depuis des jours.
«Ca ne sert à rien de mourir inutilement»
«Aujourd’hui (mardi), l’une des unités du ministère de la Défense a fui de l’un de nos flancs (...) Ils ont quitté leurs positions, ils ont tous fui», a accusé Evguéni Prigojine, dans une vidéo publiée sur Telegram. «Le poisson pourrit par la tête. Donc si les missions sont fixées par des trouducs, le soldat quitte la tranchée, parce que ça ne sert à rien de mourir inutilement (...) Un soldat ne devrait pas mourir à cause de la stupidité de ses chefs», a encore lâché le patron de Wagner.
Ces déclarations intervenaient alors qu’au même moment, Vladimir Poutine supervisait un défilé militaire à Moscou commémorant le «Jour de la Victoire» sur l’Allemagne nazie en 1945, censé exalter la puissance de l’armée russe. Cet étalage public d’accusations souligne les profondes divisions au sein des forces russes, au moment même où celles de Kiev disent s’apprêter à lancer une grande offensive.
«Le commandant en chef vous déchirera le c..»
S’il critique depuis des mois les commandants de l’armée russe, qu’il dépeint comme incapables, les attaques verbales d’Evguéni Prigojine sont récemment montées d’un cran. Mardi, il a accusé la hiérarchie militaire de chercher à «tromper» Vladimir Poutine. «Si tout est fait pour tromper le commandant en chef (Vladimir Poutine), alors soit le commandant en chef vous déchirera le c.., soit ce sera le peuple russe qui sera furieux si la guerre est perdue», a-t-il lancé dans son habituel langage fleuri.
«Il y a un crime qui s’appelle la destruction du peuple russe (...) Et c’est ce que fait un petit groupe», a-t-il encore cinglé, pointant du doigt l’état-major. «Pourquoi l’Etat n’arrive-t-il pas à défendre le pays ?», a-t-il lancé.
La semaine dernière, le patron de Wagner avait annoncé qu’il retirerait ses hommes de Bakhmout le 10 mai si l’état-major ne lui fournissait pas les munitions qu’il réclame. Mardi, il a réitéré qu’il entamerait le repli en l’absence de livraisons suffisantes, affirmant que Wagner n’avait reçu «que 10%» des munitions qu’il avait réclamées.