FootballBedia va-t-il quitter Servette «gratuitement»?
Le contrat du meilleur buteur de Super League se termine en juin. Toujours pas de prolongation à l’horizon. Son agent s’explique.
- par
- Daniel Visentini
Soir d’Europe au Stade de Genève, avec la venue de Sheriff Tiraspol ce jeudi soir (18 h 45). Chris Bedia sera un poison pour les Moldaves. Sur la pelouse, son potentiel explose cette saison: il est le meilleur buteur de Super League (sept réussites), il a inscrit deux buts lors des qualifications de la Ligue des champions et deux aussi en Coupe de Suisse. Pas d’inquiétude. Enfin, si. Elles viennent des coulisses et doivent torturer les dirigeants grenat: l’attaquant ivoirien est dans sa dernière année de contrat, qui s’achève donc en juin, et jusqu’à présent, aucun accord n’a été trouvé pour une prolongation. Si rien n’évolue, il sera donc libre de s’engager gratuitement déjà dès janvier 2024 avec n’importe quel club pour la saison prochaine (le règlement l'y autorise six mois avant la fin d'un contrat).
Pas de prime de transfert pour le buteur de 27 ans qui cartonne cette saison, c’est le problème pesant de Servette, maintenant. Nicolas Vouilloz est dans le même cas. Mais concernant Bedia, comment en est-on arrivé là? Servette a-t-il commis une erreur il y a plusieurs mois déjà, en n’anticipant pas la situation? En ne mettant pas les petits plats dans les grands pour prolonger son buteur dès le printemps, quand il revenait de blessure et avant que Bedia ne s'envole vers les sommets, avec par exemple une clause sur un montant minimum pour libération? Le joueur s'y est-il refusé, pour autant que ce genre de proposition ait existé suffisamment tôt?
La position du club
La direction grenat a fait suivre sa position dans ce dossier épineux. «Des discussions entre le Servette FC et Chris Bedia sont en cours et n’ont jamais cessé depuis l’été. L’objectif est de trouver un accord satisfaisant et correspondant aux intérêts des deux parties.»
Les «intérêts des deux parties» étants divergents, difficile de trouver un terrain d’entente si tard. Pour Servette, l’intérêt est bien sûr de signer une prolongation de contrat, afin de pouvoir exiger une somme de transfert substantielle si un club veut son buteur; pour Chris Bedia, c’est le contraire: beaucoup de clubs s’intéressant à lui, s’il est libre il aura les meilleures offres, puisque celles-ci ne seront pas grevées par une somme de transfert à verser à Servette.
La valeur marchande du buteur, estimée par le site Transfermarkt, culmine actuellement à 2,5 millions de francs. Et les performances de l’Ivoirien attirent tous les regards. YB, toujours à l’affût, s’est à un moment intéressé à Bedia. Mais également des clubs étrangers (déjà cet été, mais Servette voulait garder sa pépite) et désormais des clubs dans les meilleurs championnats aussi, avec des arguments financiers plus lourds. L’agent de Chris Bedia, l’ex-joueur danois Mikkel Beck, a accepté de faire le point de la situation,
L’intérêt suscité par Bedia
«Il est évident qu’un joueur comme Chris, qui marque des buts et qui aligne des performances, intéresse du monde, explique-t-il. Il y a des contacts, oui. Il est suivi. Mais nous n’y pensons pas trop. Il reste concentré sur ce qu’il doit faire sur le terrain. Il est vrai qu’il y a un dialogue entre nous et le Servette FC, les discussions existent depuis plusieurs mois. Il se sent bien à Genève, il y est heureux. Je ne veux pas dire qu’il souhaite partir. Mais on écoute aussi d’autres clubs. Nous sommes ouverts.»
Dans un mois et demi, Bedia sera libre de s’engager pour la saison prochaine avec n’importe quel club. Servette osera-t-il faire pression sur son meilleur buteur en l’envoyant en tribunes, comme Vouilloz durant trois matches (sans résultat jusque-là)? Ou les dirigeants grenat se résigneront-ils à trouver un arrangement pour un départ cet hiver déjà, éventuellement, afin de «récupérer» une petite somme de transfert malgré tout, si un club veut le joueur immédiatement et avant de se retrouver le bec dans l'eau en juin?
Un accord secret avec Servette
«Négocier une prolongation de contrat avec Servette n’est pas facile, assure Mikkel Beck. C’est moi qui suis en charge de cela pour Chris, afin qu’il se concentre sur le terrain. Mais je vais vous dire une chose: quand Chris est venu à Genève (ndlr: en provenance de Charleroi en janvier 2022), nous avions un accord avec Servette. Il était là pour se relancer et aussi pour aider le club. Ce qu’il fait plutôt bien. Et il était entendu que s’il recevait une offre venant d’un grand championnat, Servette l’aiderait à son tour.»
Autrement dit, à lire entre les lignes: une sorte de bon de sortie? Avec une clause écrite pour le stipuler? «Non, pas de clause écrite, dit Beck. Mais cela faisait partie de nos discussions. Il y avait cette possibilité qui existait.»
La situation semble bloquée actuellement. Avec peu de perspectives d’arrangement pour une prolongation de contrat entre Bedia et Servette. Mikkel Beck précise clairement la position qu’il défend. «Une chose est sûre, lance l’agent: je parle avec Chris de la situation, mais c’est moi qui négocie pour lui. Et l’objectif, c’est de prendre la meilleure décision pour Chris et pour sa carrière. Plusieurs facteurs sont déterminants, sportivement et financièrement aussi. En attendant, Chris a encore plusieurs matches pour aider Servette cette saison.»