FranceLe milliardaire Bernard Arnault et un oligarque sous enquête
Jeudi, la justice française a annoncé que le Russe Nikolaï Sarkisov et le patron du groupe LVMH sont soupçonnés de blanchiment d’argent.
Un oligarque russe, Nikolaï Sarkisov, et le milliardaire français Bernard Arnault sont visés par une enquête sur des soupçons de blanchiment à la station de ski huppée de Courchevel, dans les Alpes françaises, a indiqué, jeudi, le Parquet de Paris.
Selon cette même source, confirmant une information du quotidien «Le Monde», a été joint à la procédure un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier du Ministère français de l’économie, portant sur des opérations impliquant Bernard Arnault et Nikolaï Sarkisov dans cette station connue pour être un terrain de jeu des oligarques.
Selon «Le Monde», qui s’appuie sur cette note, le milliardaire russe de 55 ans y a acquis en 2018, auprès de particuliers, quatorze biens immobiliers, pour 16 millions d’euros, via un montage complexe de sociétés en France, au Luxembourg et à Chypre.
Une des premières fortunes mondiales
L’acquéreur officiel est la société en nom collectif (SNC) La Flèche. Le nom de Nikolaï Sarkisov n’apparaît pas dans les statuts, alors qu’il en aurait été le détenteur effectif. À travers La Flèche, il aurait acquis trois autres biens dans la même station pour 2,2 millions d’euros (quelque 2,12 millions de francs). Or le vendeur est la SNC Croix Realty, qui aurait réalisé une plus-value de 1,2 million d’euros. Et son propriétaire, via un nouveau montage de sociétés, ne serait autre que Nikolaï Sarkisov.
Pour financer l’ensemble de ces opérations, Bernard Arnault, une des premières fortunes mondiales et patron de l’empire du luxe LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy), aurait versé à Nikolaï Sarkisov 18,3 millions d’euros. Avant de racheter l’ensemble des parts de la SNC La Flèche, devenant ainsi le bénéficiaire effectif des biens.
«Le changement de bénéficiaire effectif final des acquisitions immobilières (…) tend à masquer l’origine exacte des fonds, à complexifier les opérations et l’identification de l’acquéreur réel, et à traduire une volonté de dissimuler le bénéficiaire effectif de toutes ces opérations, c’est-à-dire Bernard Arnault», selon les enquêteurs dans la note de Tracfin, cités par «Le Monde».
Plus-value de 2 millions
D’après leurs calculs, Nikolaï Sarkisov aurait réalisé une plus-value de 2 millions d’euros. Mais la contrepartie de ce «transfert de fonds» «n’est pas connue», soulignent-ils. Sollicité par l’AFP, LVMH n’a pas souhaité faire de commentaire jeudi soir.
Au «Monde», un porte-parole a néanmoins affirmé que l’opération avait été «réalisée dans le plus strict respect des lois»: «Comme pour toute opération immobilière, les parties étaient assistées de notaires, chargés de veiller au respect de toutes les réglementations existantes». Selon le camp de l’oligarque, cité par «Le Monde», la plus-value enregistrée n’aurait été «que de quelques centaines de milliers d’euros» et Nikolaï Sarkisov «n’a pas du tout été impliqué personnellement» dans ces opérations.