Football/HockeyCommentaire: oui oui, le sport lausannois est bien à sa place
Le LHC décevant, le LS relégué... La saison 2021/2022 des clubs phares de la capitale olympique est un nouvel échec. Mais valent-ils vraiment mieux que ça?


Le public lausannois est exigeant, mais événementiel. Il veut pouvoir jouer l'Europe au foot et le titre au hockey, mais va au match une fois sur cinq au mieux, avant de faire la file par milliers dès qu'il y a une partie à enjeu ou un intérêt particulier. Chaque Vaudois ou presque a un avis sur les questions des deux clubs de l'élite, mais se garde bien d'aller voir tout cela de lui-même. De la passion, certes, mais à bonne distance ou quand c'est bien vu d'être sur place et d’aller s’y faire instagramer, parce qu'il n'y en a point comme nous.
Le Lausanne Hockey Club n'a enregistré que 6052 fans en moyenne cette saison et un seul «guichets fermés» en saison régulière, comme par hasard le dernier à la Vaudoise aréna contre Fribourg Gottéron. Le LS, lui, a rassemblé 86'239 supporters en 17 matches à la Tuilière, soit un peu plus de 5000 par partie, avec comme moment le plus fort la réception de Sion en septembre dernier, devant 12'150 personnes. Il s'agissait alors de quelque chose comme la troisième inauguration de la nouvelle enceinte. Un événement, donc.
Je peux en témoigner. J'ai rarement manqué sciemment des matches dans les diverses enceintes lausannoises. Mais cette année, je n'ai pas réussi à me motiver régulièrement et, pire, je suis systématiquement rentré en colère à la suite des prestations des deux équipes locales. Ce dimanche, j'ai préféré rester au «chaud» pour assister à Manchester City – Newcastle et Lorient – Marseille, plutôt que de faire vingt minutes à pied pour aller voir LS – Bâle.
Croyez bien que ça me chagrine, mais pourtant, vous le lisez actuellement, j'ai aussi un avis sur la question, en bon Vaudois que je suis. C’est super triste, et heureusement que les ultras, si décriés, sont là contre vents et marées, eux!
Les Lausannois, si prompts à ronchonner entre eux sur les internets, les réseaux sociaux, au bistrot ou en écrivant des commentaires sur lematin.ch doivent tout de même se rendre compte d'une chose, une bonne fois pour toutes: ce n'est pas grâce à eux que leurs équipes évoluent dans les rangs professionnels. Le LS est en mains britanniques, le LHC a été sauvé par un Canado-Genevois, repris par un Tchèque et un Helvético-Russe (puis que par ce dernier depuis peu), tandis que même le Stade Lausanne-Ouchy ne vit que grâce à Vartan Sirmakes.
Les derniers dirigeants «du cru» qui ont présidé aux destinées des formations phares de la capitale olympique ont soit été contents de refiler leur «bébé» impossible à autofinancer, soit engendré une énième opération de sauvetage de la part de son propre public, soit foncé vers la faillite avant qu'une personne étrangère aux poches pleines sauve l'affaire in extremis.
Alors oui, les décideurs des équipes lausannoises peuvent faire mieux à de nombreux niveaux, surtout le sportif. On n’est pas obligé d’être moins intelligents que les autres. Reste que s’il fallait compter sur le tissu économique local ou sur des mécènes du coin, les magnifiques et coûteuses enceintes de l’ouest et du nord de la capitale olympique seraient peut-être et tout simplement sans clubs résidents de haut niveau.
Être exigeant en tribunes, sur son canapé, sur les réseaux sociaux, c’est bien. Être lucide et savoir d’où on (re)vient, ce n’est pas mal non plus.