Crimes sexuelsDébut des délibérations dans le procès de Ghislaine Maxwell
Accusée de crimes sexuels, l’ex-partenaire du financier américain Jeffrey Epstein encourt jusqu’à 80 ans de prison.
Après trois semaines de débats, le jury du procès pour crimes sexuels de Ghislaine Maxwell s’est retiré lundi en fin d’après-midi afin de décider si oui ou non la mondaine britannique fut, comme la procureure l’a affirmé, «une prédatrice sophistiquée qui savait très bien ce qu’elle faisait».
Ghislaine Maxwell, âgée de 59 ans, risque une très longue peine de prison si les 12 jurés la reconnaissent coupable d’avoir fourni des jeunes filles mineures à Jeffrey Epstein -- un financier multimillionnaire de la jet-set américaine -- afin qu’il les exploite sexuellement.
«Il est temps qu’elle rende des comptes», a lancé la procureure Alison Moe lors de son réquisitoire, au dernier jour d’un procès de trois semaines. Selon la procureure, Ghislaine Maxwell était «la clé» du système mis en place par Jeffrey Epstein pour recruter de jeunes filles qu’il abusait sexuellement. «Ils menaient ensemble leurs méfaits», a lancé la procureure au jury. «À l’abri des regards, (…) ils commettaient des crimes horribles.»
Témoignages
Depuis le début des audiences le 29 novembre, les procureurs ont cherché à dépeindre cette Britannique -- qui possède également les nationalités américaine et française -- comme la complice entre 1994 et 2004 de Jeffrey Epstein, qui s’est lui suicidé en prison deux ans auparavant, dans l’attente de son propre procès.
Dans la salle du tribunal fédéral de Manhattan, Ghislaine Maxwell, vêtue d’un pull blanc crème et portant un masque noir, prenait souvent des notes qu’elle passait à ses avocats ou collait sur un dossier, pendant que la procureure assurait qu’elle était «coupable».
Au fil des semaines de procès, quatre femmes ont apporté leurs témoignages à l’encontre de la fille de l’ancien magnat des médias Robert Maxwell. Deux des témoins ont ainsi affirmé qu’elles n’avaient pas plus de 14 ans quand Ghislaine Maxwell les avait incitées à prodiguer des massages à Jeffrey Epstein, ceux-ci s’achevant par des actes sexuels.
L’une d’elles, connue sous le pseudonyme «Jane», a détaillé comment Ghislaine Maxwell l’avait recrutée à un camp de vacances et l’avait fait se sentir «spéciale». «Jane» a également raconté comment les rencontres et les actes sexuels avec Jeffrey Epstein étaient devenus une routine, avec la présence parfois de Ghislaine Maxwell.
Une autre témoin, «Carolyn», a déclaré qu’elle était habituellement payée 300 dollars après chaque rencontre sexuelle avec Jeffrey Epstein, et que Ghislaine Maxwell donnait souvent l’argent elle-même.
«Aucune preuve»
Dans sa plaidoirie lundi après-midi, la défense a pointé «le manque de preuve» de l’accusation et a axé sa ligne de défense sur «la mémoire très mauvaise et variable» des témoins sur des événements vieux de plus de 25 ans. «Il n’y a aucune preuve que Ghislaine Maxwell ait amadoué l’une des quatre» femmes, qui étaient alors de jeunes filles, a lancé l’avocate Laura Menninger aux jurés. Ces quatre témoins «ont toutes changé leur version quand le fonds Epstein a été ouvert», a-t-elle affirmé en évoquant un mécanisme officiel de réparation puisé dans la fortune du milliardaire après sa mort.
L’avocate de la défense a demandé aux jurés d’acquitter sa cliente de tous les chefs d’accusation.
Ghislaine Maxwell a refusé de témoigner à son procès, se bornant seulement à déclarer que l’accusation n’avait pas prouvé sa culpabilité. «Votre honneur, le ministère public n’a pas fourni de preuve au-delà du doute raisonnable, je n’ai donc pas besoin de témoigner», a-t-elle affirmé vendredi.
Il était attendu que le procès aille jusqu’en janvier, mais Ghislaine Maxwell pourrait désormais connaître son sort avant le 25 décembre, jour de son 60e anniversaire. Si le jury ne parvient pas à un verdict d’ici mercredi soir, ils se sépareront pour le week-end de Noël avant de se réunir à nouveau lundi 27 décembre. Le jury doit atteindre une décision à l’unanimité pour déclarer Ghislaine Maxwell coupable. Si ce n’est pas le cas, la juge Alison Nathan pourrait alors annuler le procès qui devrait repartir de zéro.
Ghislaine Maxwell plaide non coupable de tous les chefs d’accusation pour lesquels elle encourt jusqu’à 80 ans de prison, dont un maximum de 40 ans pour trafic de mineurs.