CorseColère une semaine après l’agression de l’indépendantiste Yvan Colonna
La colère est montée mercredi soir en Corse (France) où des manifestants se sont introduits dans le palais de justice d’Ajaccio et y ont allumé des feux, une semaine après l’agression en prison du militant indépendantiste Yvan Colonna, toujours plongé dans le coma.

Des heurts à Ajaccio le 9 mars 2022.
AFPDepuis que ce militant nationaliste, condamné pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé par un codétenu emprisonné pour terrorisme, les manifestations se sont multipliées sur l’île méditerranéenne à l’appel d’étudiants, de lycéens, d’organisations nationalistes ou de syndicats accusant l’État de porter une lourde responsabilité.
Mercredi soir, plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies à Ajaccio, Calvi (Haute-Corse) ou Bastia. Mais très vite, des heurts ont éclaté entre certains protestataires et forces de l’ordre.
À Ajaccio, les échauffourées se sont poursuivies jusqu’à minuit et des manifestants se sont introduits dans le palais de justice, fermé à cette heure.
Plus tard, certains manifestants, équipés d’une mini-pelle mécanique, ont dégradé une agence de la banque Crédit Agricole, avant de se diriger sur la place Claude Erignac, lieu hautement symbolique, Yvan Colonna ayant été condamné pour l’assassinat du préfet de Corse.
Au moins 14 personnes ont été blessées dont un journaliste d’une chaîne de télévision à la jambe, selon la préfecture.
Décision trop tardive
À Calvi (Haute-Corse), c’est un autre lieu institutionnel qui a été ciblé. Après un début de manifestation calme, «une quarantaine de manifestants encagoulés, ont jeté des cocktails molotov contre la sous-préfecture et brisé des vitres à coups de pierre», a rapporté la préfecture dans un communiqué.
À Bastia, 23 CRS (forces de l’ordre) et trois civils ont été blessés, dont un photographe du quotidien Corse-Matin, selon un bilan de la préfecture de Haute-Corse publié à la fin de la manifestation vers 21 h 30.
Yvan Colonna était emprisonné à la maison centrale d’Arles (sud-est). Il demandait de longue date son rapprochement en Corse, ce qui lui a été systématiquement refusé en raison d’un statut de «détenu particulièrement signalé».
Mardi, le Premier ministre Jean Castex avait levé ce statut mais cette décision, loin d’apaiser, a été jugée comme beaucoup trop tardive en Corse, Yvan Colonna étant entre la vie et la mort dans un hôpital de Marseille depuis son agression le 2 mars.