Football: 10 ans après, les souvenirs de Kevin Mbabu en Grenat sont ravivés

«Note: 1er match en Super League pour Kevin Mbabu.» Dans son édition du 27 septembre 2012, la Tribune de Genève laisse une trace. La veille, Kevin Mbabu est apparu pour la première fois en professionnel. Un derby Servette – Lausanne, perdu 1-0 par les Grenat. Le latéral droit est déjà costaud. Il entre une vingtaine de minutes, à la place d’Alexandre Pasche, sans pouvoir contribuer à inverser le score. C’est l’unique et seule fois que Mbabu portera le maillot servettien: il ne réapparaîtra plus avant son départ pour Newcastle en janvier 2013.

«Je me souviens d’une soirée où il faisait froid, revoit le joueur prêté par Fulham. Je ne m’attendais pas à rentrer, puisque nous étions menés au score, et j’imaginais qu’on miserait plutôt sur un joueur offensif. Je me rappelle que j’étais plutôt stressé à l’idée de devoir faire la différence. Malheureusement, je n’y étais pas parvenu.»

Plus de dix ans plus tard, le Genevois affiche désormais presque 28 ans (il les aura en avril). Il a roulé sa bosse, entre les Magpies, les Glasgow Rangers, Young Boys, Wolfsburg et donc Fulham. Mais son deuxième match pour le Servette FC se faisait attendre. Cela doit avoir lieu ce mercredi (18h45) à Winterthour. Il sera qualifié. Et c’est peu dire que Mbabu arrive avec un tout autre statut. Le renfort de marque d’aujourd’hui n’était qu’un jeune prometteur à l’époque.

Intégré à la première équipe sous João Alves à l’été 2012, il participe à la préparation et aux matches amicaux. Mais c’est Sébastien Fournier, nommé quelques jours plus tôt suite au licenciement du Portugais, qui restera comme le premier entraîneur à avoir aligné Kevin Mbabu, notamment contraint par les nombreuses blessures qui frappent l’effectif servettien à l’époque: «Nous avions pour politique d’intégrer des jeunes, se souvient le Valaisan. Dans les catégories juniors, Kevin rayonnait notamment par son engagement physique.»

Avec la première équipe, cet aspect de son jeu se fait vite remarquer: «Une fois, à l’entraînement, il avait mis un coup d’épaule à Jérôme Schneider, qui était costaud et qui tenait bien sur appuis, se souvient Vincent Rüfli, qui jouait dans cette équipe. Pourtant, il était tombé. On s’était alors regardé avec deux ou trois autres joueurs et on s’était dit que le petit était puissant quand même.» Plutôt, oui.

Cela a toujours fait la force de Mbabu. «Il avait une grosse marge de progression sur la technique fine, se rappelle Fournier. Sa technique de base était bonne, mais il lui fallait faire ces progrès, qu’il a accomplis par la suite.» Reste que l’entraîneur, désormais responsable technique de l’Association cantonale genevoise de football, avait pris le risque de lui donner sa chance: «C’était mérité, parce qu’il avait eu beaucoup de facilité à s’intégrer dans l’équipe, détaille-t-il. Il transmettait une énergie au groupe, de par son insouciance, sa générosité. Et il était toujours porté vers l’avant, à donner l’impression de ne pas douter.» Vincent Rüfli, qui connaissait Mbabu depuis son enfance, confirme: «Je le revois toujours souriant et à l’écoute. Il était respectueux.»

Pourtant, celui qui deviendra international suisse quelques années plus tard ne réapparaîtra plus par la suite sur une pelouse de Super League, jusqu’à sa signature à YB en 2016. Régulièrement blessé, il partira durant le mercato d’hiver pour Newcastle, pendant que Servette connaîtra la première relégation sportive de son histoire. De son côté, Mbabu amorcera une carrière faite de hauts et de bas. Mais de passablement d’expériences qui seront de nature à renforcer Servette.