France: Emmanuel Macron commémore le 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv

Actualisé

FranceEmmanuel Macron commémore le 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv

Le président français doit inaugurer dimanche un nouveau lieu de mémoire dans une ancienne gare d’où sont partis huit convois pour Auschwitz-Birkenau en 1942, avec des milliers de juifs à leur bord.

Emmanuel Macron en 2017, lors du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.

Emmanuel Macron en 2017, lors du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.

AFP

Le chef de l’État doit se rendre en compagnie de rescapés à l’ancienne gare de Pithiviers, dans le centre de la France, pour y prononcer un «discours offensif» contre l’antisémitisme, qui «rôde encore et parfois de manière insidieuse», a annoncé un conseiller de l’Élysée. Il dénoncera également, selon ce conseiller, le «révisionnisme historique», notamment sur le rôle joué par le maréchal Philippe Pétain, chef du gouvernement de Vichy (1940-1944), qui a collaboré avec le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Emmanuel Macron sera notamment accompagné de l’historien chasseur de nazis Serge Klarsfeld et d’une rescapée des camps d’extermination, Ginette Kolinka.

La petite gare de Pithiviers où le chef de l’État est attendu vers 13 h 00 GMT, à une centaine de kilomètres au sud de Paris, n’accueille plus de voyageurs depuis la fin des années 1960 et vient d’être transformée en musée par le Mémorial de la Shoah. C’est par cette gare qu’ont transité une partie des 13’000 juifs, dont 4115 enfants, arrêtés à Paris et dans sa banlieue le 16 juillet 1942 et les jours suivants, par 9000 fonctionnaires français, à la demande des Allemands. 8160 d’entre eux, y compris les vieillards et les malades, ont été conduits au stade du Vélodrome d’Hiver, connu sous le nom de Vel d’Hiv, dans le XVe arrondissement de Paris. Avant d’être évacués vers des camps, notamment à Pithiviers.

Depuis la seule gare de Pithiviers, huit convois sont ensuite partis vers les camps d’extermination, transportant plus de 8000 déportés, ce qui en fait le deuxième site de déportation français après celui de Drancy, près de Paris. Quelques dizaines d’adultes seulement survivront. «Cette gare, c’est le lieu où l’événement français devient génocide européen. (…) C’est un lieu de mémoire unique en France», affirme Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah.

L’irréparable

Le site de 400 m2, qui appartient toujours à la compagnie des chemins de fer SNCF, est en particulier destiné aux enfants des écoles. «C’est une priorité face à la montée de l’antisémitisme, du racisme et des complotismes», explique Jacques Fredj. Une des salles retrace «la litanie des huit convois» vers le camp d’Auschwitz-Birkenau, projetant sur des écrans géants les photos de déportés assassinés.

Parallèlement, la Première ministre Élisabeth Borne a assisté dimanche matin à la traditionnelle cérémonie sur le site de l’ancien Vélodrome d’Hiver à Paris. «Il y a 80 ans, la France se perdait et commettait l’irréparable», a déclaré Élisabeth Borne, pour qui «ces jours de juillet, comme lors des rafles qui ont suivi, la France a perdu un peu de son âme». «Le courage consiste à la reconnaître et à la commémorer», a-t-elle poursuivi, ajoutant que «le combat contre l’antisémitisme ne s’arrête jamais».

La Première ministre Élisabeth Borne lors de la traditionnelle cérémonie sur le site de l’ancien Vélodrome d’Hiver à Paris.

La Première ministre Élisabeth Borne lors de la traditionnelle cérémonie sur le site de l’ancien Vélodrome d’Hiver à Paris.

AFP

Plaidoyer contre l’antisémitisme

Dans son discours, d’une vingtaine de minutes, Emmanuel Macron devrait affirmer que «le combat continue» contre l’antisémitisme, en suivant «le chemin que le président Chirac avait tracé».

Après cinquante ans de silence des autorités françaises, le président d’alors, Jacques Chirac, avait reconnu en 1995 la responsabilité de la France dans la Rafle du Vel d’Hiv, dans un discours historique. «La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable», avait-il lancé. En juillet 2012, le président François Hollande avait été plus loin en déclarant que «ce crime fut commis en France, par la France».

Puis en 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu président, avait réaffirmé, pour le 75e anniversaire de la rafle, la responsabilité de la France et prononcé un plaidoyer contre l’antisémitisme en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais aujourd’hui, «la société française n’en a pas fini avec l’antisémitisme», souligne l’Élysée, en mettant aussi en avant la «banalisation de débats» autour du régime de Vichy.

(AFP)

Ton opinion

0 commentaires