FootballTourbillon a retrouvé l’esprit du FC Sion
Plus de 8300 spectateurs ont vécu des retrouvailles amères. La frustration de la défaite (0-1 contre Bâle) ne doit pas occulter les promesses qu’elle contient. Un début de métamorphose a opéré.
- par
- Nicolas Jacquier
Une première, surtout quand ce n’est pas vraiment une première, c’est l’espoir de voir autre chose, appelons cela du changement par rapport à ce qui avait été proposé jusque-là - soit, dans le cas de ce FC Sion des plus indigents, pas grand-chose il faut l’avouer…
Cet espoir n’a pas été vain, car oui, on a effectivement vu autre chose, à commencer par une meilleure implication. Ainsi tout - les intentions, la solidarité, l’état d’esprit, etc. - changerait-il au seul prétexte de changer d’entraîneur? C’est du moins ce dont se persuade chaque employeur lorsqu’il choisit de tirer la prise pour apporter de nouvelles impulsions. Et c’est ce qu’a à nouveau fait le FC Sion, habitué à relancer la mécanique en usant d’un stratagème qu’il se plaît à reproduire à l’envi.
Des signaux positifs
Il faut le dire ici: excepté le résultat final, les faits ont donné raison aux dirigeants valaisans. Autant le club de Tourbillon avait fait peine à voir lors de ses dernières sorties, ce qui devait finir par coûter sa place à Marco Walker; autant ce qu’il a montré contre Bâle laisse augurer des jours meilleurs. Franz Kafka n’a pas été transféré en Valais (Giovanni Sio le sera peut-être à sa place) mais une souriante métamorphose semble exister. Des signes adressés les uns envers les autres, des gestes d’encouragement ont refait leur apparition – le vivre ensemble ne se construit pas autrement, on peut l’interpréter comme un début ne demandant qu’à s’épanouir.
C’est pourtant une défaite qui devait sanctionner la première sortie de Paolo Tramezzani. Une défaite certes frustrante mais une défaite quand même, due autant à la classe époustouflante de Zhegrova qu’à la naïveté de ceux qui auraient dû l’empêcher de se mettre en position aussi idéale de frappe.
Discrétion offensive
Tenir tête au FC Bâle n’aurait pourtant probablement même pas été exploit pour un Sion davantage requinqué par ce qu’il a réussi à exprimer au niveau du ressenti que ce qu’il a réellement montré sur celui du jeu lui-même. Sa débauche d’énergie ne s’est pas accompagnée d’une pluie d’occasions, conséquence à la fois d’une approche volontairement contrôlée et du manque de percussion offensif qui en a découlé. Tramezzani a d’abord tenu à resserrer la garde et à colmater sa défense (avec des lignes plus compactes), ce qui se comprend aisément pour une formation dont les trois derniers déplacements s’étaient soldés par 13 buts encaissés. Il se trouve également que Zhegrova, capable de faire seul la différence, n’a pas son équivalent dans les rangs adverses.
Le charisme de Tramezzani
Le redressement du FC Sion peut être perçu comme la conséquence du retour du public et d’un désir compréhensible de ne pas le décevoir. Voilà qui vient confirmer l’extrême versatilité des acteurs, lesquels choisiraient la façon de s’investir. Mais il résulte probablement aussi sinon davantage de l’intronisation d’un entraîneur dont le charisme se répercute au-delà de la ligne de touche. La très correcte affluence enregistrée – plus de 8300 spectateurs «libérés» par l’abandon des billets nominatifs – a eu le sentiment d’avoir retrouvé une équipe dans laquelle chacun pouvait s’identifier. Une formation qui ne lâche jamais rien et affiche du caractère, c’est tout ce que l’on aime en Valais.
Le très tactile Paolo Tramezzani est à lui seul une partie du spectacle. Grand ordonnateur d’une communion retrouvée, il personnifie l’énergie et ce qu’il cherche à transmettre. Une petite tape là, un encouragement ici. À l’image du cercle qu’il a formé avec ses joueurs, remplaçants compris, à même la pelouse, juste avant le coup d’envoi. Un cercle symbole d’unité et du pacte signé entre le contingent et son nouveau guide.
Alors oui, quelque chose a certainement déjà changé, le cercle de l’unité ne s’est pas brisé mais Sion tourne toujours en rond au classement. Il faudra plus que des gesticulations, des effets de manches et des intentions inabouties pour donner concrètement vie à un projet partagé sur le moyen terme. La suite (dimanche à Genève contre un Servette tout aussi frustré) devra déboucher sur autre chose que des regrets.