JO 2022 – CommentaireMais de quoi se mêle ce jury de la FIS?
Fanny Smith a été privée d’une médaille de bronze qu’elle méritait mille fois, aux Jeux de Pékin. Le ski-cross a été dénaturé par la décision du jury de la Fédération internationale.
- par
- Robin Carrel Zhangjiakou
Je voulais écrire quelque chose sur la disqualification de Fanny Smith en finale de son ski-cross olympique. Ça tournait dans ma tête, d’autant plus que je ne suis pas un spécialiste de la discipline. J’ai bien suivi un ou deux Mondiaux, quelques Coupes du monde sur place, j’en ai vu des dizaines dans ma télévision. Mais pas de quoi me dire que j’allais faire des théories sur le sujet devant la Suisse romande. Comme j’ai longtemps été arbitre de football, je n’aurais pas aimé qu’un ski-crosseur vienne m’expliquer pourquoi il y a penalty ou pas. Même si le jeu de ballon est bien plus universel.
Et puis j’ai retrouvé une déclaration de Ralph Pfäffli, le patron de la discipline auprès de Swiss-Ski, qui a sorti la punchline qui va bien jeudi, à la suite de la disqualification de sa protégée: «Sinon, on fait comme les gens avec le Covid: quatre lignes et personne n’en bouge.» C’était tellement ça… Le ski-cross, et c’est pour ça que je l’aime, c’est quatre athlètes en piste et advienne que pourra en bas. OK, on ne va pas laisser les athlètes se mettre des coups de bâtons ou missionner une compatriote pour tacler la favorite dans les bankings. Mais cette discipline, ça doit être une bataille.
Jeudi, dans les méandres de la piste dessinée dans les montagnes du Genting Snow Park, sur les hauteurs de Zhangjiakou, on a eu droit à du ski-cross. Sandra Näslund était trop forte, mais a été suivie de près par ses trois rivales. Derrière, on s’est rendu coup pour coup. Un coup, justement, c’est Fanny Smith qui se met dans la trace de la Suédoise. Un autre, c’est la Canadienne Marielle Thompson qui passe devant la Suissesse au forceps. Ensuite, les filles se tirent la bourre jusqu’à la ligne d’arrivée. Rien que de très normal.
Tout à coup, alors que le podium semblait devoir se dessiner, Fanny Smith a fait un petit écart. C’est le jeu ma pauvre Lucette. Elle était dans le sillage d’une adversaire, pendant que l’Allemande Daniela Maier tentait de la passer. Là, les skis de la Villardoue et de l’Allemande se sont touchés et l’Helvète a fait un écart. Ben oui, c’est du ski-cross, les gars! D’ailleurs, la skieuse de Furtwangen dans la Forêt-Noire n’a pas moufté, une fois le verdict sportif rendu. Elle a félicité les trois filles qui l’avaient devancée et tout se passait bien dans le meilleur des mondes.
C’est alors que la Fédération internationale de ski a décidé de mettre son grain de sel, même si personne ne lui avait rien demandé. Après une bonne dizaine de minutes de visionnage et de revisionnage, elle s’est arrogé le droit de bouleverser un verdict sportif que personne ne remettait en cause. Fanny Smith, dont l’histoire avec les JO était déjà tellement heurtée, qui avait mis tant de cœur à revenir d’une grosse blessure subie il y a un mois, a été spoliée de ce qui lui revenait de droit: une médaille olympique.
Ah zut, finalement, j’ai fait comme tout le monde et j’ai vilipendé des décideurs alors que je n’en ai pas les compétences… Mais bon, j’ai une excuse, je suis déjà contre la VAR dans le football! Et puis au milieu de ses longues tirades, Ralph Pfäffli lui-même avait lancé un: «Ça, ils ne le comprennent pas. Des gens du jury n’ont jamais fait de ski-cross…»
Du coup, je me suis dit que je pouvais me lâcher.