Réseaux sociaux: Le gouvernement français s’attaque aux dérives des influenceurs

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Réseaux sociauxLe gouvernement français s’attaque aux dérives des influenceurs

Bonne conduite, pas de promotion de la chirurgie esthétique, transparence sur l’usage des filtres: des mesures ont été présentées pour encadrer l’activité des influenceurs sur les réseaux sociaux.

La Fédération des influenceurs et des créateurs de contenus, initiée par Magali Berdah (photo), souhaite «accompagner les influenceurs dans la maîtrise de la réglementation applicable à leur activité». Mais Paris entend aller plus loin.

La Fédération des influenceurs et des créateurs de contenus, initiée par Magali Berdah (photo), souhaite «accompagner les influenceurs dans la maîtrise de la réglementation applicable à leur activité». Mais Paris entend aller plus loin.

AFP

«Alors qu’il est un formidable vecteur de créativité et de richesse économique, ancré dans le quotidien de millions de nos compatriotes», le secteur des influenceurs «souffre de règles inexistantes ou trop floues.» Ces propos du ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, sont on ne peut plus clairs.

Après trois mois de concertation, le gouvernement a annoncé vouloir soumettre les influenceurs «aux mêmes règles» publicitaires que les médias traditionnels et leur donner un statut légal, ainsi qu’à leurs agents. Il souhaite également aller «jusqu’à l’interdiction» de la publicité pour la chirurgie esthétique, renforcer la protection des influenceurs mineurs, et rendre obligatoire d’afficher l’utilisation d’un filtre ou d’une retouche sur les contenus, «afin d’éviter des effets psychologiques destructeurs» sur l’audience.

Cumulant des millions d’abonnés, pour certains devenus des stars, les influenceurs diffusent des contenus sur les réseaux sociaux qui peuvent grandement orienter les modes de consommation de leurs abonnés. Ces derniers mois, la pression est montée en France pour réguler cette activité, souvent décriée pour son opacité: partenariats rémunérés non explicites, concurrence déloyale, exil fiscal ou accusations d’arnaques.

De nombreux influenceurs ne respectent pas les règles

Avec l’objectif de mieux encadrer les 150’000 influenceurs que compte le pays, le Ministère de l’économie a lancé, depuis décembre, des consultations avec le secteur, ainsi qu’une concertation en ligne, ouverte aux parties prenantes comme aux simples citoyens. Au total, près de 19’000 personnes ont participé à cette concertation, commentant ou réagissant à douze mesures avancées par le ministère.

La proposition de loi sera examinée en séance publique, à l’Assemblée nationale, à partir de mardi ou mercredi, en fonction de l’avancée des débats sur d’autres textes, et a de très bonnes chances d’être adoptée.

En janvier, la répression des fraudes a publié une enquête accablante sur les pratiques commerciales du secteur. Parmi plus d’une soixantaine d’agences et influenceurs ciblés depuis 2021, 60% n’ont pas respecté la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs. Au menu, tromperie sur les produits vendus, promotion de paris sportifs risqués, voire d’injections «par des esthéticiens et des non-professionnels de santé», selon la DGCCRF.

Arnaque et conflit

Un collectif nommé AVI (Aide aux victimes d’influenceurs) avait au même moment annoncé le lancement d’une action en justice par des dizaines de personnes, notamment pour «escroquerie» et «abus de confiance». Elles estiment avoir été arnaquées en investissant dans des produits financiers vantés par de célèbres influenceurs, dont un couple exilé à Dubaï, Marc et Nadé Blata.

Enfin, l’an dernier, un conflit très médiatisé a plongé le secteur dans la tourmente: il oppose le rappeur Booba à Magali Berdah, patronne d’une importante agence d’influenceurs, Shauna Events. Le premier reproche à la seconde de promouvoir des arnaques (marchandise non reçue, produits non conformes…). En retour, elle l’accuse de cyberharcèlement. La justice a ouvert deux enquêtes dans cette affaire.

Une charte pour les bonnes pratiques

Malgré les dérives, le «marketing d’influence» a explosé ces dernières années, représentant, en 2021, un marché mondial estimé à près de douze milliards d’euros. Les représentants du secteur prônent avant tout l’autorégulation. La toute nouvelle Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenus, a annoncé, en janvier, la rédaction d’une «charte des bonnes pratiques». La Fédération des influenceurs et des créateurs de contenus, initiée par Magali Berdah, souhaite «accompagner les influenceurs dans la maîtrise de la réglementation applicable à leur activité».

(AFP)

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