FranceUn journaliste de M6 agressé près d’un point de deal à Nîmes
Lors de son arrivée à Pissevin, quartier dit de «reconquête républicaine» aux nombreuses barres d’immeubles, le reporter a été tabassé par deux hommes qui ont pris la fuite.
Un journaliste de M6 a été frappé «debout et au sol» mardi à Nîmes, en France, dans un quartier paupérisé où la mairie a décidé de fermer jusqu’à nouvel ordre une médiathèque municipale en raison de l’aggravation des violences liées au trafic de drogue.
«Nombreux coups et de multiples ecchymoses»
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a condamné «fermement l’agression» du journaliste et lui a apporté son soutien. «Une compagnie de CRS sera envoyée en renfort dans les prochaines heures afin de garantir la paix publique», a-t-il ajouté.
«Le groupe M6 condamne fermement son agression, apporte tout son soutien à Jérôme Régali et renouvelle son attachement à la liberté d’informer», a aussi réagi la chaîne de télévision dans un communiqué.
À peine arrivé à Pissevin, quartier dit de «reconquête républicaine» aux nombreuses tours et barres d’immeubles, le journaliste reporter d’image (JRI) basé à Montpellier a été agressé par deux hommes qui ont pris la fuite, selon une source policière. Emmené à l’hôpital pour des examens, «il souffre de nombreux coups et de multiples ecchymoses», a indiqué le Club de la presse Occitanie, en dénonçant une «scandaleuse atteinte à la liberté d’informer».
«Pression de plus en plus forte»
Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, avait annoncé lundi avoir pris la «terrible décision» de fermer jusqu’à nouvel ordre la médiathèque Marc Bernard, un des derniers services publics de Pissevin, quartier aux nombreuses barres d’immeubles et de tours. «Depuis décembre dernier, des dealers exercent une pression de plus en plus forte sur le quartier, avec l’instauration de «barricades check-points» pour encadrer leur commerce illicite. Ainsi, depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d’agressions verbales au vu et au su de tous», a détaillé Jean-Paul Fournier dans un communiqué.
«Aujourd’hui, ils font même l’objet de contrôles et de palpations en pleine rue avant d’accéder à leur poste de travail. Un nouveau palier a été franchi, puisque les trafiquants ont pénétré dans le bâtiment, allant jusqu’à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l’arrivée des forces de police», s’est également offusqué le maire, qui réclame «l’affectation de façon quasi permanente d’une unité de force mobile» à Pissevin.
«Contexte de guerre de territoire»
La procureure de Nîmes, Cécile Gensac, a annoncé avoir ouvert une «enquête préliminaire» sur les faits concernant la médiathèque et une «enquête de flagrance» pour ceux dont a été victime le journaliste de M6. «Tout signe de recul des services publics marque un échec, même temporaire, de l’action commune de tous les acteurs. Il s’agit d’un sujet de préoccupation quotidien et prioritaire pour la justice», a ajouté Cécile Gensac. Elle a souligné que, depuis un an, «138 jugements concernant 66 auteurs ont été rendus» en matière de stupéfiants à Nîmes, «soit une hausse de 253,7% des décisions de condamnations pénales».
La préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, a pour sa part annoncé une «intensification» de la présence de la police nationale, en lien avec la police municipale et en coordination avec la procureure, avec «une montée en puissance dans la perspective de la réouverture prochaine de la médiathèque». Selon la préfète, ces violences «interviennent dans un contexte de guerre de territoire» et «se développent en réaction aux opérations de police et au démarrage des ambitieux travaux de renouvellement urbain» dans le quartier.