FootballCommentaire: Yverdon ferait mieux de rappeler Schällibaum
Un coach qui n’imprime pas son empreinte, des joueurs qui ne répondent pas, une équipe à la dérive: le club vaudois, en chute libre, ne cesse d’inquiéter. Il existerait pourtant une solution…
- par
- Nicolas Jacquier
Pour mieux mesurer le brutal (et inexorable?) déclin d’Yverdon-Sport, il faut remonter au 1er octobre dernier. Ce dimanche-là, la révélation du championnat domine le FC Saint-Gall 1-0 devant le public en fête du stade municipal. À l’époque, le club nord-vaudois, qui pointe au 6e rang, s’impose comme le meilleur club romand devant Servette (8e), Stade-Lausanne-Ouchy (10e) et Lausanne, alors relégué lanterne rouge de Super League.
Dans l’espace médiatique, journalistes et autres suiveurs n’ont pas de mots assez forts pour saluer le formidable travail de Marco Schällibaum. On ne le sait pas encore, mais ce rendez-vous va coïncider avec la dernière victoire du néo-promu vaudois…
Des attitudes qui ne trompent pas
Dix semaines plus tard, Yverdon, qui n’a engrangé que 2 points lors de ses sept dernières sorties, s’est fait humilier ce mercredi soir par ce même Saint-Gall. Déclassés 4-0 au Kybunpark, les visiteurs n’y ont vu que du jeu. Au-delà du résultat, c’est la manière de perdre qui interpelle. Parce qu’il y a eu là des attitudes qui ne trompent pas. Parce que l’on y a vu des renoncements qui symbolisent une formation en pleine déliquescence…
Ridiculisé à domicile 5-0 par Lugano, fessé 4-0 à Saint-Gall, Yverdon n’a plus rien de la formation qui attirait la sympathie en début de saison. Entre-temps, ses repreneurs américains sont passés par là en déboulonnant Schällibaum sans ménagement.
Une décision jugée incompréhensible, très mal perçue aussi bien au niveau des fans que des sponsors. Tant l’ancien international helvétique incarnait cet esprit frondeur qui s’affichait jusque sur la pelouse. Il faut le dire ici, rien ne dit que la seule présence de «Schälli» aurait permis d’éviter le naufrage du Kybunpark. Ce dont l’on est par contre certain, c’est qu’Yverdon y aurait présenté un autre visage, une tout autre résistance.
Lors de la nomination du successeur du Zurichois, les nouveaux dirigeants du stade municipal s’étaient gargarisés en louant le profil d’Alessandro Mangiarratti, engagé notamment en raison de ses facultés à proposer un «jeu moderne», comme si l’Yverdon-Sport estampillé Schällibaum suintait l’ennui et un football rétrograde. Or de toute évidence, la «greffe» n’a pas pris.
La fin d’une belle histoire
Voilà donc le club vaudois en chute libre, avec des joueurs incapables de mettre en place ce qui leur est demandé et un directeur général, Marco Degenarro, qui se retrouve à son tour poussé vers la sortie. C’est assurément la fin d’une belle histoire et des ennuis qui ne vont peut-être qu’aller en s’amplifier. Au point que le divorce semble consommer entre Yverdon et son public, avec une cassure qui marque le rejet d’une politique. Pendant que la colère gronde toujours dans les travées du stade municipal, ce n’est pas les 100 billets offerts au Club des 1000 qui suffira à ramener le calme avant le derby vaudois des éclopés.
Alors que tant le SLO qu’YS ont chacun cru bon de changer d’entraîneur depuis leur premier rendez-vous dans l’élite (1-1 à la Pontaise le 28 septembre), mieux vaut être aujourd’hui un joueur stadiste qu’un joueur yverdonnois. Défaite 1-0 au Wankdorf, l’équipe nouvellement confiée à Ricardo Dionisio n’a certes pas signé contre Young Boys l’exploit qu’elle aurait mérité, mais ses joueurs ont largement fait jeu égal avec le champion en titre.
Dès lors, sachant que Mangiarratti «avance» à la moyenne indigente de 0,25 point par match (contre 1,33 à son prédécesseur), que faire pour relancer les actions d’YS? À la place de MM. Jamie Welch (propriétaire) et Jeffrey Saunders (président), on s’en irait penaud trouver Marco Schällibaum en lui demandant de revenir toutes affaires cessantes. Tant l’on parvenait encore à s’identifier à Yverdon quand son ancien guide lui ouvrait le chemin. Cela ne garantissait certes bien sûr pas un parcours sans faute mais offrait au moins des perspectives plus souriantes.
Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose, en tout cas rien des promesses annoncées. Si ce n’est un groupe en perdition ne ressemblant déjà plus à une équipe de Super League.
L’avantage de ce jugement péremptoire et… du sport, c’est que l’on peut toujours espérer avoir tort.