Formule 1Valtteri Bottas goûte à la liberté
Le Finlandais a signé le meilleur chrono des qualifications de Monza, mais il a dû changer de moteur et sera pénalisé dimanche.
- par
- Luc Domenjoz
Le plus rapide
Depuis qu’il pilote chez Mercedes, en 2017, Valtteri Bottas joue le parfait petit soldat. Sur le papier, ses patrons lui ont toujours dit qu’il pouvait se battre pour le titre, mais, dans la réalité, le talent de Lewis Hamilton rend la vie impossible au Finlandais. Dès le début de chaque saison, il est régulièrement battu par le Britannique, et dès la moitié du championnat, l’affaire étant entendue, les dirigeants de Mercedes misent tout sur Lewis Hamilton.
Lorsque c’est nécessaire, on demande alors à Valtteri Bottas de laisser sagement passer son équipier. Le Finlandais vit ce petit enfer depuis 2017, mais cette année, tout va changer. Après de longues hésitations, Mercedes lui a préféré George Russell, tandis que le Finlandais a trouvé refuge chez Sauber pour les trois années à venir.
Du coup, Valtteri Bottas se sent libéré. A Monza, lors des qualifications, il a montré que sa pointe de vitesse est toujours là en signant le meilleur chrono, tandis qu’à Zandvoort, la semaine dernière, il a désobéi aux ordres de Mercedes en signant le meilleur tour à la fin de la course, chipant le point le récompensant à Lewis Hamilton, et contraignant ce dernier à un changement de pneu de dernière minute pour le lui reprendre.
Changement de moteur
Valtteri Bottas pourrait désormais refuser de jouer le bon petit soldat pour Lewis Hamilton. Ce week-end à Monza, il ne pourra pourtant pas grand-chose pour gêner la victoire promise à son équipier: juste avant les qualifications, l’écurie Mercedes a changé tous les éléments de son moteur.
Comme il s’agit de son quatrième moteur de la saison (seuls trois sont autorisés), le Finlandais sera pénalisé de dix places sur la grille pour chaque élément. Mercedes ayant changé son moteur thermique (ICE), son turbo (TC), le moteur hybride chargé de récupérer la chaleur du turbo (MGU-H) et le moteur hybride de récupération de l’énergie cinétique du freinage (MGU-K), il doit perdre 40 places sur la grille… ce qui le fera partir dernier du Grand Prix d’Italie.
Pour la course «sprint» de samedi, par contre, il conserve sa place devant - il ne s’agit pas d’une vraie course, mais d’une course déterminant la grille de départ et la pole position. Monza est un bon choix pour un changement de moteur entraînant des pénalités, puisque l’autodrome milanais rend les dépassements assez faciles. Valtteri Bottas devrait ainsi pouvoir marquer des points, dimanche, mais il ne constituera pas une gêne à la marche victorieuse de Lewis Hamilton.
«Bien sûr, je vais partir loin, concède Valtteri Bottas. Mais nous avons un rythme de course excellent, j’espère tout de même pouvoir marquer de gros points dimanche.» Après ce Grand Prix d’Italie, il restera huit épreuves à disputer - moins, sans doute, les épreuves de Turquie et du Brésil étant encore sujettes à confirmation. Pour les pilotes qui doivent encore changer de moteur - soit presque tous! -, Monza constitue un moment idéal. D’autres pilotes pourraient imiter Valtteri Bottas ici.
Un seul baquet disponible
Toutes les places ayant été attribuées pour la saison 2022, il ne reste plus que le baquet de la deuxième Sauber qui soit disponible, aux côtés de Valtteri Bottas. A Monza, Frédéric Vasseur, le patron de l’écurie, a révélé qu’il y avait «probablement cinq ou six pilotes» sur sa liste de candidats.
«Je ne veux pas citer de nom, parce que si j’en oublie un, ce sera le drame!, ajoute le Français. J’ai toujours dit que nous allions regarder ce qui se passe dans les séries junior (la Formule 2, ndlr), et il reste encore quelques courses à disputer pour eux, ici et à Sotchi. Après, nous verrons.»
Si l’écurie ne conserve par Antonio Giovinazzi (que Ferrari pousse en avant), le meilleur candidat pourrait être Guanyu Zhou, actuel deuxième du championnat de F2, à 5 points seulement du leader. Zhou est accompagné d’une enveloppe de sponsors chinois pesant 20 millions d’Euros, un montant énorme qui aiderait bien l’écurie Sauber.
S’il était choisi, Zhou (prononcer «Jo») serait le premier pilote chinois à prendre le départ d’un Grand Prix de F1. A ce jour, un seul Chinois a été vu au volant d’une F1, Ho-Pin Tung, qui a roulé pour des essais privés sur Renault F1 en décembre 2009.
Ferrari vote pour inverser la grille
La direction de la Formule 1 envisage de multiplier les courses «sprint» (celles du samedi) l’an prochain, mais de leur donner un statut indépendant. Il s’agirait de vraies petites courses, où davantage de points seraient marqués, mais qui ne décideraient plus de la grille de départ du Grand Prix de dimanche - pour lequel les qualifications du vendredi seraient utilisées une deuxième fois. Mais une idée revient désormais sur la table: pour épicer le spectacle du dimanche, on pourrait alors inverser la grille de départ du dimanche - le détenteur de la pole-position devrait ainsi partir dernier.
Avancée l’an dernier, cette idée a été rejetée par Mercedes. Evidemment, la marque allemande ne voulait pas perdre sa supériorité. Mais chez Ferrari, on est pour. «J’aime cette idée, assure Mattia Binotto, le patron. Je pense que ça serait intéressant pour le show. Chez Ferrari, nous pensons qu’il faut apporter plus de spectacle pour les fans, pour le divertissement que la F1 offre.»
Pas sûr qu’il aurait été aussi enthousiaste si les Ferrari dominaient tout, comme au début des années 2000. Mais voilà 14 ans que la marque italienne n’a plus remporté le titre. Inverser la grille ne peut donc pas faire de mal!
Ricciardo furax contre lui-même
Daniel Ricciardo a signé le cinquième chrono de la séance qualificative. Ce qui peut paraître excellent - c’est sa meilleure qualification sur piste sèche de la saison -, mais ce qui l’a laissé dans ce qu’il décrit comme une « rage interne».
«Vous savez, je m’appelle moi-même «soupe au lait», parce que je peux partir dans des colères terribles et me calmer juste après. C’est ce qui m’est arrivé ici. Quand mon ingénieur m’a dit par radio que j’étais cinquième des qualifications, il a ajouté «je sais que tu ne vas pas aimer les écarts…En effet. Quand j’ai vu, ça m’a mis dans une de ces rages! »
Daniel Ricciardo s’est qualifié à… 6 millièmes de la quatrième place de son équipier Lando Norris, et à 3 centièmes de la troisième place de Max Verstappen. Un rien. «C’est à la deuxième chicane que j’ai perdu un peu. Je n’ai jamais réussi à bien en sortir. Qu’est-ce que ça m’énerve, j’aurais pu facilement être troisième pour la première fois de la saison…»