FootballCommentaire: Servette doit maintenant gagner un titre
L’élimination des Grenat en Conference League sonne comme la fin de quelque chose. Mais elle doit signifier le début des ambitions: il faut ramener le championnat ou la coupe à Genève.
- par
- Valentin Schnorhk
C’est à l’aube de ce vendredi matin, dans un train entre Plzen et Prague, que l’on a vraiment pris congé de l’Europe. Le football suisse n’a plus de club engagé sur la scène continentale, et il n’y a rien de vraiment surprenant: la demi-finale de Conference League atteinte l’an dernier par le FC Bâle était plus l’exception que la règle. Ce qui l’est plus, c’est que les espoirs de tout un pays ne reposaient plus que sur Servette.
Après huit mois de transhumance et quatorze matchs disputés à travers trois compétitions (les qualifications pour la Ligue des champions, la phase de poules de l’Europa League et les tours à élimination directe de Conference League), le seul bilan qui s’impose aux Grenat est celui des félicitations. Il s’agit d’être honnête: Servette nous aura bluffés.
Progrès stupéfiants
En mai dernier, lorsque les Genevois d’Alain Geiger avaient terminé deuxièmes de Super League et s’étaient entrouvert les portes de l’Europe, on ne donnait franchement pas très cher de leur peau. Encore moins après avoir tiré Genk pour le 2e tour qualificatif de Ligue des champions. Servette était le petit, et c’est avec un sourire en coin que l’on imaginait le champ des possibles.
Il n’y a eu que le temps, les matchs qui s’enchaînaient et les performances stupéfiantes qui ont donné du crédit au parcours européen de Servette. Déjà parce que les Grenat ont fait de l’Europe une affaire sérieuse, et cela contribuait beaucoup à leur honneur. Mais surtout parce qu’on a bien fini par se rendre compte que René Weiler avait fait de l’équipe qu’il avait hérité un collectif prêt à affronter toutes les batailles.
Depuis juillet, Servette n’a jamais déçu en Europe. Peut-être parce qu’on n’en attendait pas énormément. Sûrement aussi parce qu’il s’est toujours mis au niveau, et qu’il a progressé à mesure que son parcours durait. Les joueurs sont identiques, mais l’équipe qui est sortie à Plzen jeudi n’a plus grand-chose de celle qui avait commencé sa route contre Genk le 25 juillet.
Une affaire de timing
Reste qu’en refermant derrière lui la porte de l’Europe, Servette s’est aussi ouvert en grand celle des attentes. Et de l’exigence. Pour donner du crédit à ces performances européennes, il faut une suite. Une véritable réussite. Un titre, en somme. Parce que quand on atteint un tel niveau, il n’y a qu’un trophée qui puisse véritablement graver dans le marbre l’ensemble du travail accompli.
Que cela passe par la Super League ou la Coupe de Suisse, peu importe au final. Il serait fondamentalement dommage que cette équipe attachante, profondément humaine et proche de son public ne laisse pas un héritage, qui aille au-delà des souvenirs que l’on ressasse avec nostalgie.
Maintenant, on le répète, ce Servette doit gagner. C’est une affaire de timing: depuis plus de vingt ans, il n’y a jamais eu de Grenat aussi forts que ceux-ci. Et c’est parce que l’on se souvient d’où Servette vient qu’on ne peut pas se permettre de prolonger l’attente. À Genève, on ne sait jamais de quoi les lendemains sont faits.