ColombieL’armée présente ses excuses pour avoir exécuté des civils
Durant le conflit colombien, plus de 6400 civils ont été présentés à tort comme des guérilleros morts au combat, entre 2004 et 2008.
«Nous reconnaissons que des membres de l’armée ont commis des actes épouvantables qui n’auraient jamais dû se produire», a déclaré mardi le patron de l’armée colombienne, le général Luis Ospina, lors d’une cérémonie à Bogota. L’armée colombienne a présenté pour la première fois des excuses à des familles de civils tués par des soldats dans l’objectif de les présenter à tort comme des guérilleros morts au combat, une pratique connue sous le nom de «faux positifs». Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), un tribunal spécial chargé d’enquêter sur les pires crimes commis pendant le conflit colombien, 6402 civils sont morts dans le cadre de cette politique entre 2004 et 2008. Dans certains cas, les civils tués étaient revêtus de tenues de guérilla.
Les assassins et leurs complices ont «souillé la légitimité» de l’institution, a ajouté le commandant de l’armée colombienne. «Nous présentons nos excuses les plus sincères et nous demandons pardon», a-t-il déclaré aux proches des victimes.
L’un des plus grands scandales
Cette pratique est l’un des plus grands scandales impliquant l’armée colombienne durant sa confrontation avec les guérillas d’extrême gauche. La majorité des femmes présentes à la cérémonie ont demandé à connaître la vérité sur l’identité de ceux qui ont donné l’ordre de tuer ces civils afin de gonfler les statistiques en matière de lutte contre la guérilla, en échange d’avantages tels que des jours de congé et des décorations entre 2004 et 2008. Selon des associations de victimes, des membres de l’armée ont abusé de la confiance de jeunes hommes en leur promettant des emplois, avant de les abattre.
Des commandants de l’armée ont nié que de tels faits puissent avoir été systématiques, affirmant que cela relevait de l’imagination d’organisations de gauche visant à porter atteinte aux forces de l’ordre. Certains militaires ont affirmé à la JEP avoir subi des pressions de la part de leurs supérieurs et notamment de Mario Montoya, un général à la retraite et ancien chef d’état-major de l’armée de terre, très proche de l’ancien président de droite Alvaro Uribe. Il a été inculpé fin août par la JEP de crimes contre l’humanité pour sa responsabilité dans le meurtre et la disparition de 130 civils présentés à tort comme des guérilleros morts au combat.