Ski alpinLara Gut-Behrami: «Je me réjouis de ce calendrier équilibré»
Le nouveau calendrier de la FIS, censé être plus équitable, ne fait pas que des heureux. Deux camps s’affrontent en coulisses avant la reprise sur la neige ce week-end à Sölden.
- par
- Sylvain Bolt Sölden
Après les finales tronquées de la saison passée, Marco Odermatt et Lara Gut-Behrami avaient perdu leurs illusions de décrocher le Grand Globe de cristal. La FIS semble avoir écouté ces revendications et a repensé son calendrier. Cette saison, il y aura autant d’épreuves de vitesse que de technique. Mais en gros, cet agenda d’épreuves ressemble à un «Doodle» qui a mal tourné.
«Chaque athlète vous donnera un autre avis, sourit Loïc Meillard. Le ski est un sport individualiste et chacun regarde pour sa poire en fin de compte. Honnêtement, je ne l’ai pas trop analysé et je m’estime chanceux de pouvoir faire trois disciplines.»
Chez les femmes, il n’y a pas besoin d’avoir fait des études à l’EPFL pour comprendre la répartition: neuf slaloms, neuf géants, neuf super-G, neuf descentes. Ajoutez ensuite un parallèle pour les deux genres que personne ne veut. Chez les hommes, c’est un poil plus complexe: il y aura 11 descentes, 7 super-G, 8 géants et 10 slaloms.
Et cela ne plaît pas au technicien Alexis Pinturault, vainqueur du général de la Coupe du monde la saison passée: «Oui, il y a un équilibre en technique de vitesse sur le papier. Mais si on creuse, on se rend compte que les athlètes qui participent aux épreuves de descente, super-G et de géant sont favorisés par rapport à ceux qui s’alignent en super-G, géant et slalom.»
Pour résumer, les techniciens qui disputent le triptyque «super-G, géant, slalom» comme Pinturault ou Meillard vont disputer 25 épreuves. En face, le camp «vitesse» (descente, super-G, géant) a le vent dans le dos puisqu’un Marco Odermatt (ou un Kilde) a une épreuve de plus au compteur (26).
Pinturault pas content
Vous l’avez compris, le nouveau planning n’est pas au goût d’Alexis Pinturault, qui ne s’aligne que très rarement en descente. «Les descendeurs sont avantagés. Déjà parce que les épreuves de vitesse ont souvent lieu sur le même site. Et l’entraînement de descente nourrit la performance en super-G, explique le skieur de Courchevel. Ensuite, il y a plus de risques de sortir en slalom et en géant. Il faudrait selon moi qu’il y ait la possibilité d’enlever des courses pour des athlètes malades ou lorsqu’il y a des épreuves annulées.» Des jokers que les skieurs pourraient utiliser dans la saison en quelque sorte.
Désavantagé la saison passée en raison notamment de l’annulation des épreuves de vitesse qui n’ont pas eu lieu lors des finales de Lenzerheide, Marco Odermatt est lui logiquement du côté des satisfaits de ce nouveau programme.
«Le calendrier est en ma faveur avec ces onze descentes et c’est une grande chance pour moi, sourit le Nidwaldien de 24 ans. Après, il va falloir confirmer en descente car je ne me suis pas beaucoup entraîné.»
Le Suisse profitera de meilleurs dossards en descente (donc plus bas) et évitera de connaître la mésaventure de l’hiver passé, lorsqu’il avait été privé de départ (et de points) au moment où la course avait été interrompue en raison du vent au dossard 30 – il portait le 31…- à Kitzbühel.
Et dans le camp suisse, il y a une autre athlète qui se réjouit d’une répartition rééquilibrée des épreuves: Lara Gut-Behrami. La Tessinoise, capable de s’imposer en descente, en super-G et en géant, s’était aussi sentie lésée dans sa course au Gros Globe la saison passée, battue par la technicienne Slovaque Petra Vlhova sur le fil.
«Je me réjouis de ce calendrier équilibré dans les quatre disciplines, c’est un grand pas vers plus d’équité», a lancé la Tessinoise à Sölden. Mais le mot de la fin revient à Justin Murisier, qui ne visera pas le général mais qui s’alignera en géant et en super-G cet hiver. «La FIS essaie de trouver des solutions et il ne faut pas pleurer, c’est déjà pas mal d’avoir du changement. Il y avait besoin d’un coup de pied dans la fourmilière!»
Les Mondiaux annuels annulés, place aux «FIS Games»
Non, les championnats du monde de ski ne seront pas annualisés. «Nous nous sommes rendu compte qu’organiser des Mondiaux chaque année, hors année olympique, allait nuire à la valeur de l’événement», a confirmé à Sölden Michel Vion, nouveau secrétaire général de la Fédération internationale de ski, juste après le discours officiel de Johann Eliasch, élu président de la FIS le printemps dernier.
«On a déjà de la peine à retenir le nom des champions du monde tous les deux ans, donc la valeur de la médaille avait le risque de diminuer un peu», a confié Justin Murisier juste avant l’officialisation du rejet de cette idée.
Une autre piste a été évoquée par le Français Michel Vion. Des «FIS Games» sont à l’étude du côté de la FIS. «Un événement qui regrouperait dans un même lieu toutes les disciplines de la FIS, ce qui permettrait de valoriser l’ensemble de nos sports», a affirmé avec fierté l’ancien président de la Fédération française de ski.
Une compétition qui serait organisée tous les quatre ans lors des années impaires (hors JO) et qui pourrait voir le jour dès 2024.