FootballCette année-là, c’était l’année 2021 de l’équipe de Suisse
L’équipe nationale est arrivée au terme de son millésime doré après son succès 4-0 contre le Bulgarie et sa qualification pour le Mondial. Et Murat Yakin en a profité pour se faire un nom aussi glorieux que celui de Vladimir Petkovic.
- par
- Valentin Schnorhk Lucerne
Mais où en étions-nous il y a un an? Où en était l’équipe de Suisse? Qui était-elle? Qu’inspirait-elle? Alors que le soleil s’est couché sur l’année 2021 de la sélection nationale, il y a un raisonnable effort de mémoire à faire, au lendemain de la qualification pour la Coupe du monde 2022 obtenue lundi soir à Lucerne. Il faut se rappeler qu’en novembre 2020, la Suisse n’avait pas pu terminer sa Ligue des nations, remportant sur tapis vert une rencontre contre une Ukraine touchée par le Covid. Il faut se souvenir aussi de cette année 2020 largement détournée par la pandémie, lors de laquelle la formation de Vladimir Petkovic n’avait pas remporté un match. Il y avait un fond de jeu, mais les résultats n’étaient pas là.
En novembre 2021, faire le bilan de l’année de l’équipe de Suisse, c’est raconter un enchaînement de succès. C’est peut-être s’enorgueillir du plus beau des millésimes que l’équipe nationale a pu nous offrir. Au-delà même de la comptabilité, c’est se bercer au rythme des émotions qu’elle aura fait vivre. C’est refaire l’Euro 2020, c’est se revoir le soir du 28 juin et se complaire à rembobiner les résumés de ce 8e de finale contre la France, qui restera pour l’éternité. C’est peut-être aussi rager de cette expulsion de Remo Freuler contre l’Espagne, de ces penalties manqués par Manuel Akanji, Fabian Schär et Ruben Vargas. La Suisse était si près d’une demi-finale d’une grande compétition.
L’héritage respecté
Mais ce qu’il y a surtout à tirer de cet Euro, c’est son héritage. Oui, la Suisse a perdu Petkovic, dans des conditions pas forcément flatteuses. Mais elle a récupéré Murat Yakin, et celui-ci a eu le devoir et l’intelligence de s’inscrire dans la lignée de son prédécesseur. Cela ne veut pas dire tout faire pareil, mais simplement consolider ce qui était bien avant, en corrigeant ce qui n’allait pas. «Il fallait respecter l’euphorie de l’Euro, reconnaissait le sélectionneur actuel en conférence de presse lundi soir. L’équipe devait continuer sur sa lancée. Mais ma patte a consisté à faire en sorte d’entretenir cette confiance, cette joie de jouer. J’aime avoir cette proximité sur et en dehors du terrain. Ma personne n’est pas forcément importante, l’essentiel était que ce ressentiment d’équipe reste.»
Murat Yakin est un charmeur. Il sait qu’en se montrant reconnaissant, il séduit. Il sait aussi qu’en trouvant les bons mots, en jouant sur sa communication (comme lorsqu’il va saluer le public suisse 25 minutes avant le match décisif des qualifications, histoire de recevoir une petite ovation), il peut être suivi. Quand il respecte le passé, Yakin n’oublie jamais de faire en sorte que le présent soit constitutif de sa propre histoire. Et le récit qu’il poursuit actuellement, c’est celui d’une équipe de Suisse toujours victorieuse. Et toujours capable d’exploit, comme celui de se qualifier directement au Mondial 2022, reléguant le champion d’Europe italien à la deuxième place.
Yakin a sa place au tableau d’honneur
Depuis son arrivée, Murat Yakin a eu sept matches: un amical contre la Grèce, puis six de qualification à la Coupe du monde. Même si l’équipe nationale avait entamé sa campagne par deux matches en mars (deux victoires en Bulgarie et contre la Lituanie), la qualification est la sienne. C’est lui qui a bien préparé les deux matches contre l’Italie, en y conviant la chance. C’est aussi lui qui a trouvé la bonne formule offensive, pour passer à quatre derrière tout en conférant un rôle providentiel à Xherdan Shaqiri, après l’échec du déplacement à Belfast en septembre. Il n’a pas hésité à bouleverser les lignes, en allant par exemple chercher Noah Okafor pour ces rencontres de novembre. Cela a largement contribué à la jolie soirée de lundi, avec ce 4-0 mérité contre la Bulgarie.
En procédant à des choix forts, Yakin a non seulement permis à la Suisse de valider son billet pour le Qatar, mais il l’a en plus fait en mettant sa patte. Il y avait un héritage, il y a aussi une suite. L’équipe nationale n’a pas perdu au change avec son nouveau patron. Et sur le tableau d’honneur de l’année 2021, Yakin a trouvé le moyen de se faire une place aux côtés du meilleur sélectionneur de l’histoire du football helvétique. En une année, l’équipe de Suisse a vécu deux histoires distinctes, mais à succès. Et elle se dit qu’elle peut entrevoir 2022 avec une certaine confiance. D’ici au mois de mars, date des prochaines échéances (amicales), cette sélection va nous manquer.