États-UnisUne mère de famille avoue avoir inventé son affreux enlèvement
Sherri Papini avait été soi-disant kidnappée trois semaines et marquée au fer rouge avant de s’enfuir. Elle avait en fait raconté cela pour toucher des aides aux victimes.
- par
- Michel Pralong
En 2016, Sherri Papini, jeune femme de 34 ans et mère de deux enfants, disparaît en faisant son jogging dans la campagne de Redding, en Californie. Son mari donne l’alerte et d’intenses recherches, très médiatisées, sont entreprises. Une collecte de fonds permet de lever plus de 49’000 dollars pour venir en aide à sa famille. Aucune piste sérieuse n’est trouvée, mais trois semaines plus tard, Sherri est retrouvée à 240 km au sud de Redding, errant au bord d’une autoroute à 4 heures du matin. Elle est amaigrie, couverte d’ecchymoses, marquée au fer rouge, a les cheveux coupés et porte une chaîne autour de la taille.
Dans les jours qui suivront, la jeune femme racontera son calvaire. Elle a été kidnappée par deux femmes masquées parlant espagnol, dont la plus âgée, entre 40 et 50 ans, était vraiment méchante et avait une haleine sentant le café sucré, détaillera-t-elle. Elle dit avoir passé la majorité de sa captivité enchaînée dans une pièce aux fenêtres condamnées, où elle a été maltraitée. Mais elle est finalement parvenue à s’enfuir.
Arrêtée il y a six semaines
Soulagement pour tout le monde, mais la police, malgré les nombreux renseignements ne parvient pas à trouver le moindre indice sur ces terribles ravisseuses. Le temps passe, jusqu’à un énorme coup de théâtre il y a six semaines: c’est Sherri Papini qui est arrêtée et accusée d’avoir simulé son enlèvement.
C’est grâce à un indice découvert en 2017 que les enquêteurs en sont arrivés à cette conclusion, raconte People: de l’ADN prélevé sur les pantalons et les sous-vêtements que portait la jeune femme quand elle a été retrouvée. La police espérait qu’il pourrait les mener aux ravisseuses, mais ce n’est pas ce qui s’est produit. En 2020, grâce aux nouvelles technologies sur la recherche généalogique grâce à l’ADN, les enquêteurs trouvent dans les banques de données un lien avec une personne qui est de la famille… d’un ex-petit ami de Sherri. Trois mois plus tard, la police récupère une bouteille de thé vert dans la poubelle du petit copain en question: les ADN correspondent.
L’ex espérait la reconquérir
Interrogé, il craque. Sherri l’avait contacté et lui avait demandé de l’aider à fuir son mari qui soi-disant la maltraitait. Il accepte et vient la chercher le jour de son prétendu enlèvement. Il la ramène chez lui. Là. la jeune femme fait exprès de maigrir et se donne des coups pour avoir des ecchymoses. Elle demande à son ex de la marquer à l’épaule droite avec un outil chauffant, ce que, tremblant, il accepte de faire. Il avouera avoir fait tout cela dans l’espoir que leur relation amoureuse, terminée depuis 2006, reparte. Mais au bout de 3 semaines, elle dit que ses enfants lui manquent et qu’elle veut rentrer. L’ex l’amènera au bord de cette autoroute, poussant la mise en scène jusqu’à lui mettre une chaîne autour de la taille et des bracelets autour de ses poignets.
«J’ai honte de moi»
Mardi 12 avril, Sherri Papini a accepté de signer un accord: lundi prochain, elle va avouer devant le juge d’instruction qu’elle a orchestré tout ce canular, écrit le «Sacramento Bee». «J’ai profondément honte de moi pour mon comportement et je suis tellement désolée pour la douleur que j’ai causée à ma famille, mes amis, toutes les bonnes personnes qui ont inutilement souffert à cause de mon histoire et ceux qui ont travaillé si dur pour essayer de m’aider», dit-elle dans sa déclaration. «Je travaillerai le reste de ma vie pour réparer ce que j’ai fait». Voilà qui pourrait contribuer à alléger sa sanction, elle qui est sous le coup de 35 chefs d’accusation.
Selon des documents judiciaires relayés par CNN, la jeune femme aurait profité de plus de 30’000 dollars d’argent destiné à l’aide aux victimes et qui ont été récoltés en croyant à son enlèvement.