ChinePékin tente de revigorer une économie en plein essoufflement
Les autorités ont injecté des milliards pour relancer l’activité économique dans le pays et faire face à un taux de chômage record chez les jeunes.
L’économie est pénalisée par le surendettement du secteur immobilier (un traditionnel pilier de croissance), une confiance en berne des consommateurs et le ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois. Pour soutenir l’activité, la Banque centrale chinoise a abaissé jeudi un taux de référence pour les prêts à moyen terme et injecté dans l’économie 237 milliards de yuans (30 milliards de francs).
Cette mesure attendue par les marchés permet de réduire les coûts de financement des banques commerciales pour les encourager à accorder davantage de crédits à des conditions plus favorables. Le taux d’intérêt pour les prêts à un an de la Banque centrale aux établissements financiers (MLF) passe ainsi à 2,65% contre 2,75% auparavant.
Cette réduction «ne fera pas une grande différence» mais elle «traduit la préoccupation croissante des décideurs politiques quant à la santé de la reprise économique», relève l’analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
Mardi, à la surprise des analystes, la Banque centrale avait déjà réduit son taux d’intérêt directeur à court terme. Elle avait auparavant ajusté plusieurs autres taux. Cette annonce, à rebours des principales économies, survient le jour de la publication d’indicateurs d’activité moins bons qu’espéré.
Pression sur les diplômés
Le mois dernier, un jeune Chinois sur cinq était au chômage, tandis qu’un des moteurs de la reprise, la consommation, se grippait, selon des chiffres officiels publiés par le Bureau national des statistiques (BNS). Le taux de chômage chez les 16-24 ans a atteint un nouveau record dans le pays asiatique, à 20,8%. Ce taux, calculé pour les seules zones urbaines et qui ne dresse par conséquent qu’un tableau partiel de la situation, avait déjà atteint 20,4% en avril. «Il pourrait encore augmenter en juillet avec l’arrivée sur le marché du travail de 11,6 millions de diplômés», prévient l’économiste Larry Hu, de la banque d’investissement Macquarie.
Le taux de chômage pour l’ensemble de la population active est en revanche inchangé sur un mois (5,2%). Pour leur part, les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, se sont tassées. Très suivies par les marchés, elles ont augmenté le mois dernier de 12,7% sur un an, un rythme bien inférieur à celui d’avril (18,4%).
Des analystes interrogés par l’agence Bloomberg s’attendaient à un ralentissement plus modéré (13,7%), malgré le retour des clients dans les centres commerciaux et les restaurants depuis la levée des restrictions sanitaires en décembre. La faiblesse de la demande intérieure, en dépit d’une inflation quasi nulle, est un frein à la reprise.
Besoin d’un gros coup de pouce
Le gouvernement vise cette année «environ 5% de croissance, un taux qui serait l’un des plus faibles depuis des décennies pour le géant asiatique. La reprise en Chine reste «fragile» et elle demeure conditionnée au «soutien» des pouvoirs publics, estimait mercredi la Banque mondiale, au moment où certains économistes plaident pour un plan de relance pour stimuler la croissance.
«Pour que la reprise économique soit durable, un coup de pouce significatif du gouvernement est nécessaire», estime l’économiste Zhiwei Zhang, de Pinpoint Asset Management. Mais les autorités semblent pour l’heure écarter cette option.