Festival de CannesL’écho de la guerre en Ukraine va résonner sur la Croisette
Le festival du film avait annoncé qu’il n’accueillerait pas de délégations russes. La mesure ne s’appliquera pas à Kirill Serebrennikov, cinéaste qui n’a jamais caché sa rupture avec le régime. Deux réalisateurs ukrainiens seront également présents sur le tapis rouge.
La sélection officielle du Festival de Cannes, agendé du 17 au 28 mai 2022, est tombée. Alors que l’on savait déjà que la superstar Tom Cruise y présentera la suite de «Top Gun» et que le biopic sur Elvis mettra le feu sur la Croisette en «Hors compétition», c’est l’annonce de la présence de Kirill Serebrennikov qui fait les gros titres, ce jeudi.
Le cinéaste russe sera en compétition officielle au Festival de Cannes pour la troisième fois avec un film historique autour du compositeur Tchaïkovski.
La décision pourrait paraître surprenante, alors que le Festival de Cannes avait annoncé début mars qu’il n’accueillerait pas de délégations russes ou «la présence de la moindre instance liée au gouvernement», tant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuivrait.
Mais cette mesure ne devait pas s’appliquer aux artistes en rupture avec le régime, ce qui est le cas du cinéaste de 52 ans, connu pour ses créations osées, son soutien aux personnes LGBT+ et sa critique indirecte du régime de Poutine. Egalement metteur en scène, il ouvrira en juillet le Festival d’Avignon, après avoir récemment quitté la Russie pour s’installer à Berlin.
Première fois en présentiel
C’est la première fois que Serebrennikov se rendra en personne sur la Croisette. Il n’avait pu le faire pour «Leto» (2018), ni pour «La fièvre de Petrov» (2021), car il était alors frappé d’une interdiction de sortie de Russie, en raison d’une affaire de détournement de fonds pour laquelle il avait été condamné en 2020.
Le 1er avril, il confirmait à l’AFP qu’il avait quitté la Russie légalement et se trouvait à Berlin, après une remise de peine dans cette affaire, jugée politisée par ses partisans.
Deux réalisateurs ukrainiens
En pleine guerre en Ukraine, le festival a sélectionné hors compétition deux réalisateurs de ce pays: un cinéaste connu, Sergei Loznitsa, et Maksim Nakonechnyi, qui réalise son premier film.
Le nouveau film de Loznitsa s’intitule «The Natural History of Destruction» et sera présenté en séance spéciale. Régulièrement invité à Cannes, avec des films comme «Maïdan», sur la révolution ukrainienne, ou «Donbass», le réalisateur de 57 ans était l’an dernier sur la Croisette pour présenter «Babi Yar», sur le massacre de plus de 30’000 Juifs en 1941, à l’ouest de Kiev.
En mars, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le cinéaste, dont les films sur l’Ukraine prennent une allure prophétique, avait comparé la Russie actuelle au régime soviétique.
Dans la catégorie «Un Certain regard», le jeune Maksim Nakonechnyi présente «Bachennya Metelyka» («Vision de papillon»). Selon Thierry Frémaux, directeur du festival, le film tourne autour d’une jeune enseignante «qui s’est engagée dans la guerre et a été enlevée» et qui «revient dans le pays au profit d’un échange de prisonniers». «Bien entendu que la question de la guerre en Ukraine est dans tous les esprits et elle le sera, j’espère dans ceux aussi des festivaliers», a-t-il ajouté.