FootballÀ Servette, tout va mal, mais tout va bien
Les Grenat enfilent les défaites comme des perles. Mais le président ne s’affole pas malgré la dégringolade au classement.


Les grandes manœuvres attendront. On ne sait pas encore si la posture campée par Servette relève de la méthode Coué ou d’une sagesse infinie dont il a le secret, mais en attendant, le monde grenat ne tourne plus rond. Six défaites d’affilée, en comptant la Coupe, c’est la réalité sans appel. La foi en des jours meilleurs par la seule vertu du travail, c’est l’horizon que se dessine le club. Il y a un abîme entre les deux.
Pascal Besnard a été on ne peut plus clair après la défaite de dimanche contre Zurich: Alain Geiger reste l’homme de la situation, comme il l’a été par le passé. «Je n’ai aucune raison de le limoger, a précisé le président. Servette n’est pas ce club qui vire son entraîneur quand tout le monde s’excite parce qu’il traverse une mauvaise passe.»
Il ne faut pas parler de crise, mais au moment de s’exprimer devant la presse, seul Philippe Senderos, directeur sportif, se présente. Aucun joueur ne vient, pas même l’entraîneur: il y a mieux qu’un silence orchestré pour nier le sentiment de crise. Il ne faut pas s’interroger sur la qualité du message ou se demander s’il passe encore: crime de lèse-majesté. Pas de questionnement non plus sur une possible usure à l’interne, avec des cadres qui multiplient pourtant les bourdes depuis près de deux mois, mauvaise pioche là aussi.
L’enfant d’un cache-cache
Servette semble être cet enfant qui joue à cache-cache et qui croit, parce qu’il se met les mains devant les yeux pour se couper du réel, que ce réel disparaît pour tout le monde et qu’il est invisible.
Pourtant tout est là depuis plusieurs semaines: un monde qui s’écroule, des Servettiens qui reculent, sur le terrain comme au classement. Après deux saisons dans l’élite pour deux places d’honneur (4e puis 3e), Servette n’est plus le même. Il traverse la pire période depuis longtemps et il se demande bien sûr comment en sortir.
On connaît la réponse du président Besnard. Le travail, la confiance dans les qualités du groupe, dans la capacité de Geiger à remettre l’équipe sur les bons rails. Il a peut-être raison. Ou alors Servette n’a pas d’autre choix.
Si la relation Geiger-joueurs n’est pas en cause et si les succès du passé sont toujours possibles avec la même rigueur dans le travail, alors peut-être que les circonstances font les écueils d’aujourd’hui aussi bien que les bonheurs d’hier. Et que tout retrouvera sa place bientôt. Peut-être, effectivement, que Servette n’en serait pas là sans l’incompétence arbitrale à Saint-Gall (Luca Piccolo, rétrogradé depuis, mais pas de points pour les Grenat…). Peut-être que la malchance est une donnée majeure, avec le moindre détail qui se paie cash. Peut-être que la maladresse devant le but ou en défense ne dit rien d’autre que ce qu’elle est: une maladresse. Passagère? Peut-être que l’absence de Cognat, et d’autres aussi, explique tout ou partie du malaise actuel. Peut-être, oui. Mais peut-être seulement.
Un bilan cet hiver?
Sans doute Servette est-il obligé à croire en lui avec la foi du charbonnier, parce qu’il n’a pas d’autres horizons. Il y a là l’un des plus petits budgets de Super League (environ 12 millions), un contingent fragile, un recrutement effectué avec les moyens à disposition et la nécessité d’avoir un maximum de joueurs cadres en forme pour porter le projet de jeu, faute de quoi c’est problématique.
Dans un monde idéal, Geiger aurait tout le monde sous la main, pourrait compter sur le haut niveau de tous et, forcément, la légèreté aidant, il introduirait de jeunes talents dans les meilleures conditions. Ce monde-là n’existe pas pour l’instant. Pascal Besnard est persuadé que, peu ou prou, il prendra forme. Tout Servette croise les doigts. En attendant la pause hivernale et un bilan de fond.
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