FranceAprès la Toussaint, les écoles juives rouvrent sous haute surveillance
Face à l’augmentation des actes antisémites depuis le début de la guerre à Gaza, la sécurité a été renforcée lundi autour des lieux de culte et établissements scolaires juifs.
Les quelque 35’000 élèves scolarisés dans l’enseignement confessionnel juif en France ont repris l’école sous haute surveillance lundi, dans un contexte d’«explosion» des actes antisémites. À Strasbourg comme en région parisienne, les parents interrogés, qui refusent pour la plupart de donner leur nom, témoignent de leur «peur» depuis les attaques sanglantes du Hamas contre Israël, le 7 octobre.
«On est tendus, on accompagne beaucoup plus nos enfants à l’école, on les laisse moins se débrouiller comme avant», affirme Yaël, 35 ans, dont deux enfants sont scolarisés à l’école Aquiba de Strasbourg. «On rentre dans un autre état d’esprit. Les enfants on ne leur en parle pas trop pour qu’ils ne soient pas trop touchés, mais nous, on essaie de faire très attention. Et quand je dépose les enfants à l’école, j’ai une boule dans la gorge», raconte Liora, 30 ans, qui vient chercher ses deux enfants à la pause de midi, à l’école gardée par deux CRS.
Le spectre de Mohammed Merah
Personne n’a oublié l’attaque de l’école juive Otzar Hatorah à Toulouse en 2012, au cours de laquelle le jihadiste Mohammed Merah avait tué un enseignant et trois élèves. «Il peut y avoir un attentat, et les écoles sont des cibles, pour marquer l’opinion publique», soupire Samuel, 70 ans, devant l’école Maïmonide Rambam de Boulogne-Billancourt (région parisienne) où quatre militaires sont postés, leur arme bien visible entre les mains.
Même s’il se dit «rassuré» par ce dispositif, Daniel M., 55 ans, témoigne de la «peur» de la communauté juive. «Ça fait des années, depuis 2001 en fait, qu’on sent que l’antisémitisme revient», ajoute-t-il. Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a affirmé dimanche que les actes antisémites avaient «explosé» en France depuis le 7 octobre avec 1040 actes recensés.
Un facteur anxiogène
Dans ce contexte la sécurité a été renforcée autour des lieux de culte et établissements scolaires juifs: «10’000 policiers, gendarmes et militaires» sont «mobilisés pour protéger 900 endroits, des écoles, des synagogues, où vont les Français de confession juive», a rappelé le ministre.
«L’État fait beaucoup mais nous savons qu’il ne peut pas tout faire, et nos établissements investissent beaucoup en sécurité (sas, barrières, filins, grilles…) sur fonds privés», affirme Ariel Goldmann, le président du Fonds social juif unifié. Avant les vacances, des alertes à la bombe ont eu lieu dans une vingtaine d’établissements scolaires juifs en France. «C’est un facteur anxiogène», ajoute-t-il.