Royaume-UniY a-t-il une Première ministre dans l’avion?
Sommée de venir s’expliquer ce lundi devant le parlement, Liz Truss s’est fait représenter. Face à son silence en pleine tempête, l’opposition l’accable.
Liz Truss ne répond plus. Sommée par l’opposition de venir s’expliquer lundi au parlement, la Première ministre britannique s’est fait représenter après une nouvelle humiliation publique: l’abandon par son nouveau ministre des Finances de son programme économique. Ajoutant au malaise, elle reste silencieuse depuis trois jours et a envoyé Penny Mordaunt, chargée des relations entre le gouvernement et la Chambre des Communes, un nom parfois évoqué pour lui succéder, pour répondre aux questions de l’opposition.
Dans une interview contrite à la BBC lundi soir, la cheffe du gouvernement a répété qu’elle est «désolée» pour ses «erreurs», estimant avoir voulu aller «trop loin trop vite». «Je resterai à mon poste pour tenir mes engagements pour l’intérêt national», a-t-elle assuré, estimant qu’elle serait encore à la tête du parti pour les prochaines élections prévues dans deux ans, où l’opposition est archi-favorite. «J’ai agi rapidement pour réparer ces erreurs», a lancé Lis Truss à l’adresse de sa majorité, où les manœuvres se multiplient en coulisse pour la pousser vers la sortie.
Le leader travailliste Keir Starmer a dénoncé le «vide absolu» au sommet du pouvoir. «Où est la Première ministre? Elle se cache, évite les questions, effrayée par son ombre», a-t-il tonné. «Où est-elle?» ont répété des élus. Elle «se cache à Downing Street, terrorisée d’avoir à répondre des dégâts qu’elle a causés», a estimé une députée du Parti national écossais, Kirsten Oswald. «Si elle n’a pas le courage de venir aujourd’hui, y a-t-il un intérêt à ce qu’elle revienne?»
Penny Mordaunt, qui s’est excusée à trois reprises au nom de Liz Truss pour les turbulences récentes qui ont «ajouté à l’inquiétude», a évoqué une «raison sérieuse» pour expliquer son absence aux questions de l’opposition, sans fournir de précisions. Elle «n’est pas sous un bureau», a-t-elle dû assurer, provoquant l’hilarité générale.
Plan économique aux orties
Liz Truss est ensuite arrivée au parlement, assise silencieuse, le regard absent, quand le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt a expliqué aux députés son changement de cap budgétaire à 180 degrés, annulant la plupart des mesures annoncées fin septembre, dont, notamment, le gel des factures énergétiques pour les particuliers et la baisse de l’impôt sur le revenu. Downing Street a insisté sur le fait qu’elle dirigeait toujours le pays, et avait «travaillé étroitement» avec Jeremy Hunt «pour accepter cette approche».
Terrée dans la résidence de campagne des Premiers ministres ce week-end, après une conférence de presse catastrophique vendredi, où elle a tourné les talons au bout de huit minutes, Liz Truss semble avoir perdu tout pouvoir, alors que certains députés de son camp conservateur complotent pour la renverser, et que la colère gronde.
Quatre députés conservateurs réclament sa démission
La presse conservatrice tire à boulets rouges sur celle dont le programme de gouvernement a été mis en pièces, et quatre députés conservateurs ont déjà publiquement demandé son départ, quarante et un jours après son arrivée au pouvoir. Des dizaines d’autres seraient prêts à une motion de défiance.
«Je ne pense pas que la situation soit tenable et qu’elle puisse rester plus longtemps» a déclaré la députée Angela Richardson sur Times radio, attribuant à Liz Truss la responsabilité d’un trou de «10 milliards de livres» perdues en raison de la crise provoquée par ses annonces budgétaires du 23 septembre, «qu’il faut maintenant combler».