«La valeur du cirque n’est pas son chapiteau»

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JuraStarlight: «La valeur du cirque n’est pas son chapiteau»

Jocelyne et Heinrich Gasser se confient après la vente du cirque à un comédien fribourgeois.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Le Cirque Starlight à Porrentruy, c’est l’histoire d’une vie pour Jocelyne et Heinrich Gasser. Pas seulement parce que ce couple l’a fondé en 1987, mais parce qu’à l’âge de douze ans, ils se sont rencontrés sous le chapiteau du cirque Olympia lors de sa halte à Bassecourt, elle dans le public, lui sur la piste.

Fréquenté hors pandémie par 400 spectateurs, le chapiteau du Cirque Starlight sillonnera l’an prochain les routes de Suisse romande avec une nouvelle création, mais sous la direction d’un nouveau propriétaire, le comédien fribourgeois Renaud Monthoux.

Ce rachat marque pour la dynastie Gasser la fin d’une aventure itinérante commencée en 1880 par une troupe de funambules emmenée par Heinrich Gasser, suivie en 1949 par le premier chapiteau du Cirque Olympia fondé par son fils Dominik. Heinrich Gasser est le représentant de la quatrième génération.

Sa rencontre avec Jocelyne Christe a débouché sur le duo Starlight en 1979, avec un lancer de couteaux, avant leur installation à Porrentruy, où le Cirque Starlight a ses quartiers d’hiver et où a été fondée une école du cirque, une première jurassienne. Pionniers sur leur terre, Jocelyne et Heinrich répondent à nos questions.

Pourquoi vendre le Cirque Starlight après 36 saisons?

Pour avoir une longueur d’avance! L’avant-garde, c’est un état d’esprit, et quand on s’ennuie, on concrétise une idée nouvelle: un cirque de Noël, avec une histoire à échafauder et un décor à construire! Le défi est magnifique, mais le travail est énorme: c’est tout naturellement qu’il a fallu réfléchir à la reprise de l’entreprise familiale, sachant que nos trois enfants Johnny, Christopher et Jessica ont choisi de poursuivre leurs carrières artistiques de manière indépendante.

Combien dois-je débourser si je veux me payer un cirque?

Commencez par jouer au loto pour gagner un million! La valeur du Cirque Starlight, ce n’est pas son chapiteau, c’est son emblème: se lancer dans deux mois de création pour trois mois de tournée, c’était osé à l’époque.

Faut-il vous rappeler que sans un cirque en tournée…

…on ne se serait pas rencontrés? C’est juste, mais on se serait connu autrement!

Votre rencontre sous un chapiteau est-elle romancée?

On avait tous les deux 12 ans quand le cirque Olympia-Gasser s’est arrêté à Bassecourt. Deux ans plus tard, en 1974, le chapiteau s’est écroulé et le cirque dépourvu d’assurances est resté un mois à la halle des fêtes pour faire une collecte (ndlr. Jocelyne a donné cinq francs). À 17 ans, on a décidé de vivre notre rêve et notre passion à la façon de Romeo et Juliette et on s’est marié à 20 ans.

Devenir sédentaire quand on était nomade, est-ce facile?

Tremplin pour la jeunesse, l’école du cirque reste à Porrentruy, mais nous ne devenons pas sédentaires! Nous avons vendu le septième chapiteau, mais nous en gardons six… Nous serons dans le parc «Chaplin’s World» à Vevey et la création du cirque de Noël sera présentée à Neuchâtel.

Comment se distinguer dans la masse des divertissements?

Notre carte de visite, c’est la surprise, encore et toujours: quand on vient nous voir, on ne sait pas à quoi s’attendre.

Renaud Menthoux: tout un parcours avant de se voir proposer le rachat

C’est lors de la dernière tournée 2023 que le comédien Renaud Monthoux se voit proposer le rachat de l’entreprise familiale. Une offre faite par Heinrich Gasser. Après des études de comédie musicale et de théâtre à Paris, le jeune Fribourgeois s’est présenté à la famille Gasser un jour d’été 2021 pour leur proposer de faire la mise en scène lors d’un de leurs prochains spectacles. Le poste étant déjà occupé par Christopher D. Gasser, la direction, vu son enthousiasme et sa passion pour le cirque, lui propose un rôle de comédien-chanteur pour le spectacle «Limbes» en 2022, puis «Moi» en 2023.

Lors de ces deux tournées, par son investissement, ses connaissances et ses idées, il gagne la confiance aussi bien de la direction que des artistes et des collaborateurs. Au cours des dernières années, Renaud Monthoux a eu la chance de pouvoir approfondir ses connaissances dans les domaines techniques, artistiques et administratifs. Il commence très tôt par l’art choral, très répandu dans le canton de Fribourg. Ensuite il se passionne pour la technique de spectacle, plus particulièrement la création lumière.

En 2015, il intègre l’École de Comédie Musicale de Paris où il découvre le théâtre et la danse. Diplôme en poche, son directeur lui propose d’être assistant sur plusieurs productions parisiennes. Il l’assiste sur diverses mises en scène dont «We Will Rock You», «La Famille Addams», «La Revanche du Capitaine Crochet», «Le Livre de la Jungle», «Pinocchio, le conte musical» au Théâtre de Paris ainsi qu’au Théâtre des Variétés.

Fort de cette expérience, il intègre l’École Jean Périmony à Paris afin de parfaire sa formation théâtrale. À la suite de la pause imposée par le Covid, il décide de tenter sa chance dans ce qui a toujours été son premier coup de cœur: le cirque contemporain. Fervent admirateur du Cirque du Soleil depuis son plus jeune âge, il décide donc d’aller frapper à la porte du Cirque Starlight afin de pouvoir réaliser son rêve…

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