Ukraine et asile «Jusqu’à 60 000 réfugiés, la Suisse a les capacités»

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Ukraine et asile«Jusqu’à 60 000 réfugiés, la Suisse a les capacités»

Étienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations, estime qu’au-delà il faudra «improviser». Il nuance la critique de «deux poids, deux mesures» en fonction de l’origine des réfugiés.

Eric Felley
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Eric Felley

Interrogé dimanche soir au «19 h 30» sur la RTS, Étienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations, estime que la Suisse est prête pour gérer l’arrivée de 60 000 réfugiés ukrainiens. Actuellement, environ 10 000 sont arrivés en Suisse et leur nombre augmente chaque jour. Un chiffre de 300 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année a été articulé par certains observateurs. «Ce sont des chiffres élevés en perspective historique, note le spécialiste, d’autant plus que c’est sur une période très courte».

Un système d’accueil d’urgence

Le vice-président de la commission se veut aussi serein que réaliste: «Il y a des plans d’urgence qui ont été préparés de longue date. Jusqu’à 60 000 personnes, la Suisse a des infrastructures qui peuvent parfaitement faire face de manière rapide et efficace. Bien sûr de temps en temps, il y a des petits engorgements. Mais si on va au-dessus on entre dans un autre système. On entre dans un système d’accueil d’urgence, et là, il faudra improviser, ce sera un peu plus compliqué».

«Jouer sur la longue durée»

Il constate que les conditions sont réunies pour qu’il y ait une «grande ouverture» de la population suisse: «La soudaineté, la proximité et la lisibilité de ce qui s’est passé. On sait qui a attaqué qui. De ce point de vue là, dans d’autres épisodes historiques, la Hongrie et des épisodes plus récents, on a observé aussi une ouverture, qui dure pendant un certain temps. Ensuite il faut jouer sur la longue durée».

«Une proximité plus grande»

La solidarité suisse se manifeste très fortement pour la population ukrainienne, mais lorsqu’il s’agit des Afghans ou des Syriens, le pays s’est montré bien plus réticent. Y aurait-il deux poids, deux mesures? «Je relativise cette critique, répond Étienne Piguet. Il y a quelque chose dans la fermeture de l’Europe à travers la Méditerranée, par rapport à ce qui passe en Ukraine, qui est choquant. Mais, en même temps, la situation est très différente. Ici on a une proximité beaucoup plus grande. Dans les pays plus éloignés, il y avait des possibilités d’accueil à proximité, pour lesquels on a développé des modes d’assistance, qu’il était difficile d’envisager pour la seule Pologne. De ce point de vue là, il y a une différence.»

«Un peu problématique»

Il voit une seconde différence: «Même si on a l’impression d’une «forteresse Europe», à certains égards c’est vrai, celle-ci a accueilli ces dix dernières années plus de réfugiés qu’elle n’en a jamais accueillis. Faire le procès de l’Europe en disant qu’elle est raciste parce qu’elle accueille les Ukrainiens, je trouve que c’est un peu problématique.»

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