Ski alpinLe pari payant de Val d’Isère
La station française organise depuis 66 ans son Critérium de la première neige. La course est inscrite depuis 2008 au calendrier de la Coupe du monde de la FIS, de quoi booster le tourisme.
- par
- Rebecca Garcia
Organiser une course de Coupe du monde durant le mois de décembre n’a rien de facile. Les instigateurs du Critérium de la première neige, à Val d’Isère, ont tenté un pari relativement risqué. Ils voulaient attirer les skieurs dans la station savoyarde, qui était alors un village de skieurs comme on en trouve à l’orée des Alpes. Le Club des Sports lance sa compétition en 1955.
66 ans plus tard, le domaine a accueilli les Jeux olympiques d’Albertville et le critérium s’est mué en étape de Coupe du monde de ski alpin. Val d’Isère a perdu son créneau de première station européenne de la saison. «Nous nous sommes fait doubler», reconnaît une employée de l’Office du tourisme.
Les conséquences de ce nouveau calendrier ne sont pas si graves, puisque l’événement rayonne toujours au-delà des frontières. Le public européen se déplace volontiers pour voir un Odermatt ou un Pinturault sur la piste. «C’est le meilleur moment pour organiser une course, puisqu’il s’agit du lancement des stations ouvertes», assène l’Office du tourisme.
L’autre grand événement qui fait de l’ombre à Val d’Isère a lieu fin octobre, dans la station autrichienne de Sölden. La neige de glacier mais surtout le calendrier inscrivent les épreuves dans une ambiance plus compétitive que populaire. Une partie des spectateurs n’ont pas la tête au ski à ce moment-là de l’année.
Un tourisme principalement lié au ski
Le principal danger pour la course? La météo. La chance a plutôt souri au Critérium jusqu’à maintenant. Les courses ont connu deux années blanches, en 2011 et 2014. Ironiquement, c’était à cause d’un manque d’enneigement que les courses ont été annulées. Les organisateurs ont également dû renoncer à d’autres manches certaines saisons, à l’image du slalom de 2018. Cette fois-ci, les chutes de neige et des vents tempétueux régnaient en station.
La station ressent nettement le manque à gagner de ces années vides de courses. Le plan local d’urbanisme, publié en 2016, évoque une baisse de 14,3% des ventes de forfaits entre 2014 et 2015.
L’avantage est notoire, d’autant plus que la France est très accessible pour le public européen. Quand la compétition se déroule sur un autre continent comme à Beaver Creek (USA) ou Lake Louise (CAN), les spectateurs européens n’ont pas forcément la possibilité d’y retourner pour aller y skier plus tard.
La station savoyarde a cependant ses limites. Elle ne peut pas s’agrandir en permanence. «Val d’Isère ne deviendra jamais la plus grande station du monde, déjà dépassée par de nombreuses autres en France, mais elle fera partie des destinations phare pour la qualité des services qu’elle propose dans tous les domaines», avertit Benjamin Lagarde.
Cet étudiant a rendu son mémoire intitulé «Les limites du développement de Val d’Isère» en 2020. Il revient sur l’évolution du village, et de la dimension prise après les Jeux olympiques d’Albertville en 1992. La mairie et les remontées mécaniques ont travaillé de concert pour amener la station là où elle est aujourd’hui. Il note que Val d’Isère se rapproche de plus en plus de ses limites.