Guerre au KosovoUn policier serbe condamné à 20 ans pour les meurtres de 13 Albanais
Un ex-policier a été reconnu coupable d’avoir participé à l’exécution de treize civils albanais en 1999 dans les villages kosovars de Sllovi et de Terbovc.
Un ancien policier serbe a été condamné mardi à 20 ans de réclusion à Pristina pour avoir participé à l’exécution de treize civils albanais pendant la guerre, une condamnation rare alors que Belgrade ne reconnaît toujours pas son ancienne province.
Dans un communiqué, la cour a précisé que les meurtres ainsi que des expulsions de civils albanais kosovars avaient été commis en avril 1999 dans les villages de Sllovi et de Terbovc, dans le centre du Kosovo.
Le condamné, identifié par la presse kosovare sous le nom de Goran Stanisic, faisait partie de la force de réserve du Ministère serbe de l’intérieur et à ce titre avait participé à «des attaques systématiques et à grande échelle» contre la population albanaise de ces villages.
Des témoins survivants, pour la plupart des femmes, ont raconté qu’il appartenait à des groupes de policiers et de paramilitaires serbes qui mettaient les hommes le dos au mur de leur arrière-cour avant de les exécuter sous les yeux de leur famille.
Les membres de ces unités ont également expulsé des centaines de civils albanais des deux villages.
13’000 morts entre 1998 et 1999
L’intéressé, qui habitait Sllovi et a déménagé en Serbie après la guerre, a été arrêté en franchissant la frontière dans l’autre sens en juillet 2019. Il dément avoir commis ces crimes et peut faire appel du jugement qui n’est pas définitif.
Selon les groupes kosovars des droits de l’homme, l’attaque des forces serbes contre Sllovi et Terbovc a fait au total 45 morts et 11 blessés tandis que près d’une centaine de maisons albanaises ont été incendiées.
La guerre de 1998 et 1999 entre indépendantistes kosovars et forces serbes avait fait 13’000 morts, en grande majorité des Albanais.
Le conflit avait pris fin avec une campagne de bombardements de l’Otan qui a contraint Belgrade à retirer ses troupes. En 2008, le Kosovo déclarait son indépendance qui n’est toujours pas reconnue par la Serbie.
Ce type de condamnation est très rare au Kosovo, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec la Serbie. Toute coopération entre Pristina et Belgrade pour extrader des suspects d’un côté vers l’autre est impossible.