Basketball - A Monthey, le coach est serein. Pour l’instant…

On avait envie de démarrer cette chronique en tirant notre chapeau à Philippe de Gottrau. Quelques minutes avant le début de la rencontre entre Olympic et les Lions, le président fribourgeois a demandé aux 1523 personnes réunies dans les travées de Saint-Léonard de se lever. L’homme a rendu un hommage appuyé aux victimes du Covid19. «On a tous été touchés de près ou de loin», a-t-il lancé. Il a ensuite remercié le personnel soignant avant d’«encourager» le public à revenir lors des semaines futures, puisqu’il «faut désormais vivre avec cette pandémie». Un «speech» qui a été chaudement salué par la foule.

Dragan Zekovic et Marco Portannese ont été les grands bonhommes de la deuxième mi-temps des Lions. Ils ont maintenu leur équipe dans le match au moment où Olympic venait de mettre Genève dans les cordes. Mais à 67-65 Fribourg avec 3 minutes à jouer, Marco Portannese a oublié Boris Mbala, qui a coupé dans son dos. Sur la possession suivante, Eric Adams a été sanctionné d’une faute offensive pour un écran mobile. Et derrière, Dragan Zekovic n’a pas bloqué Arnaud Cotture au rebond. Ou comment foutre en l’air trois quart-temps et demi d’une solidité absolue. «Nous ne sommes pas encore prêts à égaler l’intensité de Fribourg tout un match, a noté Andrej Stimac. Mes gars ont fini lessivés, et à la fin, la tête ne suit pas. Je me suis retrouvé dans cet état quand j’étais joueur. Comment je les aide? Et leur disant que tu dois bloquer ton joueur au rebond…», a lâché le coach, en levant les yeux au ciel.

Déjà le week-end passé, lorsque Neuchâtel était revenu à deux longueurs dans le «money time» à la Riveraine, Olympic avait su garder son «self contrôle» avant de voir Slobodan Miljanic puis Natan Jurkovitz achever une équipe valeureuse d’Union. Samedi, les hommes de Petar Aleksic ont sagement attendu le retour sur le parquet de Milos Jankovic. L’intérieur serbe a passé son match à cirer le banc à cause des fautes et lorsqu’il est revenu au jeu, au milieu du 4e quart, il a roulé sur les Lions. «Il nous fait gagner le match par son impact», a noté Boris Mbala.

Surtout, Fribourg a poussé Genève au bout de l’horloge des 24 secondes grâce à deux séquences défensives brillantes en toute fin de match. «Même lorsque l’on a été mené 53-59, nous n’avons jamais stressé. Il fallait juste s’améliorer en défense et ne pas reproduire les erreurs de rotations commises lors du 3e quart sur les tirs primés de Zekovic», a poursuivi le capitaine d’Olympic.

On a tout entendu à propos du fait que Daishon Knight n’était pas aligné contre Olympic. Le nouveau meneur US des Lions n’était, a priori, pas qualifié mais même s’il l’avait été, Andrej Stimac a affirmé qu’il ne l’aurait pas fait jouer pour plusieurs raisons. D’abord parce que le joueur a débarqué jeudi à Genève et que le risque de blessure avec le décalage horaire était tout sauf nul. Ensuite car les Lions ont préparé ce «clasico» du basket suisse sans leur recrue et qu’on imagine que c’était compliqué de lui apprendre toutes les formes de jeu vendredi la veille de la rencontre…

En civil, Daishon Knight a donc regardé le choc depuis une chaise en bord de terrain. Jusqu’ici rien d’anormal mais on a trouvé le joueur peu concerné par le sort de ses nouveaux coéquipiers. En retrait lors des temps morts, pas dans les vestiaires à la mi-temps ou à la fin de la rencontre, l’ex-pensionnaire d’Illinois State avait semble-t-il des fourmis dans les jambes et a préféré faire des tirs avec les enfants. Il devrait faire ses débuts dimanche prochain à Boncourt. «On a fait ce choix et je suis à 100% derrière celui-ci, a dit Andrej Stimac. Il est censé être bon défenseur, capable de scorer et d’organiser le jeu. On attend beaucoup de lui.»

En SB League, il faut savoir que ce sont les journalistes qui décident des meilleurs joueurs de chaque équipe à la fin de la partie. On a bien pensé à donner notre voix à Arnaud Cotture pour l’ensemble de son œuvre et ce tir décisif primé pour redonner l’avantage à Fribourg (67-65). Ou peut-être bien qu’on l’aurait donné à Kwamain Mitchell s’il avait mis ses deux tirs de patron avant que l’on ne rende notre bout de papier. Mais on a décidé d’écrire le nom et le prénom de Boris Mbala. Oui, le capitaine de FO a été le meilleur marqueur (17 points) des siens mais on a couché son nom car en plus d’être un défenseur sur l’homme de premier ordre – ce n’est pas l’ailier genevois Scott Suggs qui dira le contraire –, il a désormais une sacrée réussite au tir. «Je n’ai rien fait de particulier cet été, a-t-il dit, alors qu’on lui demandait sa recette magique. J’ai juste beaucoup travaillé. Et je suis en confiance désormais.» Et c’est beau à voir!

Un membre d’Olympic nous l’avait annoncé en début de saison. «S’il revient en forme, Quincy Diggs sera le meilleur joueur de notre équipe.» Arrivé à Fribourg à moitié blessé au genou, l’ailier américain n’a pas pu s’exprimer comme il le souhaitait en Champions League et cela ne s’est pas arrangé en SB League: 3 matches, 15 minutes et 2 points de moyenne plus tard, il a quitté Saint-Léonard d’un commun accord avec les dirigeants et retrouvé un club en Hongrie. «Petar Aleksic (ndlr: le coach) n’aime pas les têtes qui dépassent», nous soufflait en confrère récemment. Et Diggs, qui a quand même joué en Pro A française avec Boulazac, se sentait a priori à l’étroit dans le système Aleksic. «C’est un p… de joueur. À l’entraînement, il cassait tout, a noté Boris Mbala. Quand tu retrouves direct un club, ça veut dire que tu es quelqu’un. Mais il était peut-être un peu trop cadré dans cette équipe.»

On admet avoir hésité – mais l’appel du «Clasico» a été trop fort – à se rendre sur place pour ce Neuchâtel – Monthey. Entre deux équipes qui ne comptaient aucune victoire pour trois défaites, c’était très clairement malheur au vaincu. Comme lors de son déplacement à Swiss Central la semaine passée, le BBC Monthey était dans le coup à la mi-temps à la Riveraine. Mais à l’instar de ce qui s’est passé à Lucerne, les Motheysans ne sont jamais sortis des vestiaires, encaissant un rédhibitoire 29-6 dans le 3e quart pour finalement s’incliner 80-55, devant un excellent Selim Fofana (24 points à 9/15 au tir pour le meneur de l’équipe de Suisse).

On a donc posé la question qui fâche à Patrick Pembele. «Vous sentez-vous menacé?» Et le coach de Monthey et tout frais entraîneur assistant de l’équipe nationale a gentiment répondu. «La blessure de JaCori Payne et notre calendrier compliqué (Fribourg, Genève et deux défaites à l’extérieur) peuvent expliquer pas mal de choses mais pas la manière avec laquelle on perd. Surtout à l’extérieur, car à domicile on est dans le combat. Pour l’instant, j’ai une très bonne relation avec mes dirigeants. Il y a de la sérénité car on essaie de rester lucides. On va jouer à Massagno le week-end prochain, donc ce sera difficile. Ce sera alarmant pour nous si on ne gagne pas contre Nyon, Bâle ou Lugano. Alors peut-être que ma position sera réellement en danger, surtout si on a récupéré nos joueurs blessés.»

Le BBC Nyon continue son petit bonhomme de chemin. Les hommes de Stefan Ivanovic ont contrôlé les débats de bout en bout dimanche au Rocher pour triompher du finaliste du dernier exercice, Starwings (82-64). L’équipe de la Côte, avec trois victoires et une défaite, s’empare ainsi de la 2e place de SBL derrière les invaincus Massagno et FR Olympic. Autre bonne nouvelle, Maleye N’doye, en retrait depuis le début de saison, semble monter gentiment mais sûrement en puissance avec 23 points dimanche.

Dans les deux dernières rencontres de la journée, Massagno a laminé Lugano (65-89) dans le derby du Tessin avec six joueurs à plus de 10 points alors que Swiss Central a gagné une deuxième partie d’affilée à la maison en dominant le BC Boncourt (99-91). C’est désormais une certitude: il faudra compter sur le néo-promu pour jouer les trouble-fêtes!